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La crypto peut-elle sauver les médias de l'IA ?

ven 23 Fév 2024 ▪ 7 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Dans un contexte global dominé par le numérique qui favorise un accès instantané à l’information, la manipulation de cette dernière n’a jamais été aussi facile. Une facilité exacerbée par le développement accéléré de l’intelligence artificielle (IA). Cette dernière n’en est qu’à ses balbutiements. Pourtant, elle rend encore plus faciles la création et la diffusion de fausses informations. Une situation qui suscite des préoccupations notamment pour les médias. Ceux-ci sont désormais confrontés à un important défi : celui de l’authenticité. Et si pour le relever, les médias exploitaient les possibilités offertes par la crypto ? Et au fond, est-ce que celle-ci est réellement calibrée pour solutionner ce problème ? Des réponses dans cet article.

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De la remise en cause de l’authenticité médiatique par l’IA

Parler de l’authenticité dans les médias et des moyens de la garantir, c’est aborder une question éminemment fondamentale pour les Etats démocratiques. Il ne faut pas s’y tromper. L’authenticité dans les médias, c’est un pilier essentiel de la démocratie et plus largement de la société moderne. Elle touche à la confiance de l’opinion dans les médias censés assumer un rôle de 4e pouvoir face au pouvoir exécutif, législatif et judiciaire.

Dans une ère où l’information est omniprésente et accessible en un clic, la confiance du public dans la véracité des médias est cruciale. Notamment pour garantir une pleine participation des citoyens à la vie démocratique. Mais l’avènement de l’intelligence artificielle (IA) pose de nouveaux défis à cette authenticité.

Cette technologie permet la création de contenus médiatiques sophistiqués et parfois, si ce n’est souvent, indiscernables de la réalité. Des technologies comme les deepfakes peuvent par exemple manipuler des vidéos pour faire dire ou faire faire n’importe quoi à n’importe qui. Ce qui, au fond, met en péril la confiance dans les sources d’information.

Il faut dire que cette remise en cause par l’IA, de l’authenticité des médias, est préoccupante à plus d’un égard. D’abord, elle mine la confiance du public dans les médias traditionnels et en ligne. Elle sape ainsi le rôle crucial des médias en tant que quatrième pouvoir dans la société. De plus, elle ouvre de nouveaux horizons à la propagation de la désinformation et de la manipulation. Une situation qui a pour effet de compromettre la qualité du débat public et la prise de décision démocratique.

Face à ces défis de plus en plus croissants alors que l’IA connaît un développement fulgurant, il est devenu impératif de développer des solutions innovantes pour garantir l’authenticité des médias. Au-delà du renforcement des capacités de détection des contenus falsifiés, certains pensent que la crypto peut offrir des moyens prometteurs de vérifier l’origine et l’intégrité des contenus médias. Mais le peut-elle vraiment ?

L’utilité de crypto pour préserver l’authenticité des médias divise

Oui la crypto, dont la blockchain est l’une des évolutions majeures, dispose d’un important potentiel pour renforcer la sécurité et la crédibilité des informations. Pour autant, pourrait-elle apporter une solution au problème récurrent de l’authenticité dans les médias menacés par l’IA ?

La question fait débat entre les partisans et les détracteurs de cette idée. Pour ces derniers, la crypto à travers la blockchain ne disposerait pas d’un réseau de confiance indispensable à l’identification des sources d’information. Pourtant, la décentralisation inhérente à la blockchain propose un changement de paradigme selon les partisans. À la différence des systèmes centralisés susceptibles d’être manipulés, la blockchain favorise la transparence et la responsabilité. Ce qui jetterait les bases d’un écosystème où l’authenticité s’impose.

Au fond, les détracteurs de cette idée ont un avis tranché. Pour eux, la blockchain n’apparaît pas comme une panacée pour les fausses nouvelles. Elle s’impose beaucoup plus comme un outil essentiel pour valider l’authenticité des médias, renforçant ainsi la résilience de la société face à la manipulation et à la tromperie. Ceci n’exclut toutefois pas que des efforts pour la mise en place urgente de mécanismes de vérification robustes, au-delà des possibilités qu’offrent les signatures crypto. L’autre argument invoqué, c’est qu’il ne suffit pas de signer une vidéo pour en garantir l’authenticité. L’essentiel, c’est de vérifier la source pour maintenir la confiance en l’absence de métadonnées accessibles.

Paradoxalement, c’est là que réside le potentiel de la blockchain. En effet, en décentralisant le processus de vérification, elle pourrait permettre aux utilisateurs de discerner les contenus authentiques des fabrications générées par l’IA. Ceci pourrait limiter le syndrome du Trust me bro , impliquant une foi aveugle, perpétuée par les médias traditionnels. Malgré tout, il y a des efforts qui sont faits dans ce sens.

Des efforts pour confirmer l’authenticité médiatique grâce à la crypto

Au-delà des discours et des spéculations, on voit émerger des initiatives ayant à cœur d’apporter des solutions aux préoccupations autour de l’authenticité médiatique. L’une des plus remarquables implique l’agence de presse Reuters. L’année dernière, cette dernière a participé à un projet pilote visant à tester un système qui certifie l’authenticité d’une image depuis sa capture jusqu’à sa publication. Ce, en utilisant la blockchain et la signature crypto.

Concrètement, l’initiative consistait dans l’utilisation d’appareil photo Canon conçu pour attribuer un identifiant unique (hash) à chaque photo, signée de manière crypto. Par la suite, les photos sont enregistrées sur une blockchain publique, et mises à jour après chaque modification.

Ainsi, l’authenticité d’une photo peut être vérifiée en comparant son hash sur le registre public. L’enjeu est évident pour le journalisme. Le projet cible le renforcement de la confiance dans le contenu visuel, face aux risques de manipulation et de désinformation liés aux avancées de l’IA et du web décentralisé. Cette initiative, qui n’est d’ailleurs pas la seule, illustre les efforts déployés pour mettre la blockchain au service de l’authenticité médiatique.

Conclusion

Grosso modo, il faut retenir que l’authenticité des médias confrontée à l’essor de l’IA nécessite des solutions innovantes. Certes la crypto, en particulier la blockchain, offre des perspectives prometteuses. Cependant, elle divise quant à son efficacité. Malgré tout, une initiative telle que le projet pilote de Reuters montre que des efforts sont possibles pour changer la donne. Surtout que renforcer la confiance du public dans les médias exige une démarche multidisciplinaire impliquant technologie, transparence et collaboration.

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Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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