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La Fed ralentit

jeu 02 Fév 2023 ▪ 5 min de lecture ▪ par Nicolas T.

La banque centrale américaine a de nouveau rehaussé son taux directeur, mais moins agressivement qu’au cours des mois précédents.

Jerome powell

Deux hausses de taux et puis stop ?

La Federal Reserve a délivré sa huitième hausse de taux consécutive. De 0,25 %, après +0,50 % le mois dernier et +0,75 % les trois fois précédentes.

Le loyer de l’argent s’établit désormais entre 4,5 % et 4,75 %, au plus haut depuis 2007. Nous ne devrions pas aller beaucoup plus haut puisque Jerome Powell a laissé entendre qu’il n’ira pas plus haut que 5,25 %.

Par ailleurs, la Fed continue de revendre la dette qu’elle accumule depuis 2008 pour faciliter l’endettement (planche à billets). Plus de 500 milliards de dollars sont sortis de son bilan en six mois. Il reste encore près de 8 000 milliards à évacuer (courbe bleue) :

Taux directeur et bilan de la Fed
Courbe blanche : Taux directeur de la Fed (4.75 % actuellement) / Courbe bleue : Bilan de la Fed (en milliers de milliards)

« Nous serons prudents avant de déclarer la victoire… Nous avons un long chemin à parcourir », a déclaré le président de la FED.

En effet, la guerre en Ukraine fait planer de sérieux risques sur l’approvisionnement mondial en énergie et donc sur l’inflation. Il faudra à ce titre surveiller de près l’impact de l’embargo sur le pétrole russe. Et le détroit d’Ormuz. D’autant plus que la « réouverture » de la Chine devrait doper la demande.

Un tel scénario empêcherait la Fed de redescendre ses taux avant la fin de l’année, comme beaucoup le prédisent. À moins que les États-Unis tombent en récession :

« Si les performances de l’économie sont globalement conformes aux attentes [de la Fed], il ne sera pas approprié de réduire les taux cette année ».

Quoi qu’il en soit, Jerome Powell a également profité de sa conférence de presse pour exhorter le gouvernement à relever le plafond de la dette.

Une dette de 31 500 milliards de dollars

La dette publique américaine atteint désormais 120 % du PIB. Soit 114 000 dollars par américain âgé de moins de 65 ans…

Les intérêts sur cette dette ont coûté 724 milliards de dollars au gouvernement américain en 2022. Soit 14 % des recettes de l’État. Quasiment autant que le budget de la défense.

La hausse des taux alourdit la facture des intérêts. Si bien que Washington devra soit réduire ses dépenses, soit augmenter les impôts, soit faire plus de dettes.

Cette dernière option est toujours choisie. C’est-à-dire une fuite en avant hyperinflationniste étant donné la raréfaction énergétique qui promet moins de croissance.

En effet, le meilleur modèle économique reste encore cette droite qui prouve que le PIB réel est proportionnel à la quantité d’énergie injectée :

PIB réel vs Énergie consommée / SOurce : Jancovici
Énergie consommée en abscisse par rapport au PIB réel en ordonnée pour le monde de 1965 à 2015 / World Bank pour PIB et BP stat pour l’énergie / Graphique réalisé par JM Jancovici

La maturité moyenne de la dette américaine est d’environ six ans. Ce qui signifie que la hausse des taux se sera transmise intégralement à l’ensemble de la dette au bout de six ans.

Le taux moyen que les États-Unis paient sur leur dette fut de 2 % en 2022, 1,61 % en 2021 et 1.32 % en 2020.

Un taux de 4 % coûterait alors 1400 milliards de dollars en intérêts. Voire plus puisqu’il n’est pas prévu de résorber le déficit budgétaire. Au contraire…

Les projections du Congressional Budget Office tablent sur un déficit moyen de 1 600 milliards de dollars par an entre 2023 et 2032. Soit 15 700 milliards de plus d’ici là.

Dit autrement, la Fed rebaissera son taux dès que possible. Au risque de renouer avec Weimar.

Épargner en bitcoins n’était pas vraiment utile dans les années 1970, quand le ponzi de la dette n’était pas menaçant. Le monde beaucoup changé depuis…

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Nicolas T.

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