La Fed réduit encore ses taux malgré des données manquantes
Ce 10 décembre, la Fed a annoncé une baisse de ses taux directeurs de 25 points de base, confirmant les attentes des marchés. Toutefois, derrière cette décision apparemment classique se cachent des dissensions profondes : votes divergents, contexte économique flou et pressions politiques inédites. Dans un contexte marqué par l’absence de données économiques clés en raison du shutdown, la lecture de la stratégie monétaire américaine devient de plus en plus complexe, et potentiellement déstabilisante.

En bref
- La Réserve fédérale américaine a abaissé ses taux directeurs de 25 points de base, les plaçant entre 3,50 % et 3,75 %.
- Il s’agit de la troisième baisse consécutive depuis septembre, dans un contexte économique marqué par l’incertitude.
- Deux membres de la Fed ont voté contre cette décision, tandis qu’un autre plaidait pour une baisse plus forte de 50 points.
- Le manque de données économiques récentes, dû au shutdown, a rendu la prise de décision particulièrement délicate.
Une baisse attendue, mais controversée au sein de la Fed
La Réserve fédérale américaine a annoncé, ce mercredi 10 décembre, une nouvelle baisse de ses taux directeurs de 25 points de base comme l’avait anticipé les marchés, ramenant la fourchette du Fed Funds Rate à 3,50 % – 3,75 %.
Il s’agit de la troisième baisse consécutive depuis septembre. Cette décision, bien qu’attendue par les marchés, n’a pas fait l’unanimité au sein du comité de politique monétaire. Selon le communiqué officiel, « l’incertitude concernant les perspectives économiques reste élevée », et le comité « juge que les risques baissiers pour l’emploi ont augmenté ces derniers mois ».
Les dissensions internes, rarement aussi marquées, ont été rendues publiques :
- Deux membres ont voté contre la baisse des taux : Jeffrey Schmid (Kansas City) et Austan Goolsbee (Chicago), tous deux partisans du statu quo ;
- Un membre, Stephen Miran, récemment nommé par Donald Trump, s’est distingué en votant pour une réduction plus agressive de 50 points de base ;
- Cette division reflète un désaccord profond sur la stratégie à adopter dans un contexte économique encore flou.
Cette tension s’explique aussi par le manque de données on-chain économiques actualisées, conséquence directe du shutdown prolongé du gouvernement américain. Le dernier taux de chômage disponible, datant de septembre, est de 4,4 %, tandis que l’inflation atteignait alors 2,8 %, au-dessus de l’objectif de 2 %.
Plusieurs indicateurs clés, comme les créations d’emplois et les données de consommation, n’ont pas été publiés depuis plusieurs semaines, laissant la Fed dans une position délicate. Faute de visibilité, certains membres ont préféré attendre, tandis que d’autres ont jugé nécessaire d’agir dès maintenant pour soutenir le marché du travail.
Une Fed sous pression politique à l’aube de 2026
Au-delà des tensions internes, cette décision monétaire intervient dans un contexte politique particulièrement sensible.
Le président Donald Trump a intensifié ses critiques contre Jerome Powell, à qui il reproche une politique monétaire encore trop restrictive. Le mandat de Powell arrive à échéance au printemps 2026, et la Maison Blanche a d’ores et déjà lancé des consultations pour le remplacer par un profil plus accommodant.
Selon plusieurs sources, Kevin Hassett, ancien conseiller économique de Trump, figure parmi les favoris. Trump ne fait pas mystère du fait qu’il attend du futur patron de la Fed qu’il conduise une politique plus accommodante. Cette politisation croissante de la banque centrale alimente des inquiétudes sur l’indépendance future de l’institution.
En parallèle, la composition du FOMC va évoluer en 2026 : quatre nouveaux votants issus des banques régionales intégreront le comité, selon le système de rotation habituel. Ce renouvellement pourrait modifier l’équilibre interne des débats, d’autant plus si des profils plus favorables à des taux bas) sont nommés ou mis en avant par l’exécutif.
Dans les projections économiques publiées ce mercredi, la Fed n’anticipe qu’une seule baisse des taux pour l’année 2026, alors que les marchés en attendent deux. Cette divergence entre le discours de l’institution et les anticipations du marché accentue l’incertitude, notamment pour les investisseurs en quête de visibilité.
La Fed résiste à Trump et maintient sa ligne malgré les pressions politiques. En optant pour une baisse mesurée, elle affirme son indépendance tout en ménageant les marchés. Reste à savoir si cette posture tiendra face aux tensions économiques de 2026 et aux attentes croissantes des investisseurs.
Maximisez votre expérience Cointribune avec notre programme 'Read to Earn' ! Pour chaque article que vous lisez, gagnez des points et accédez à des récompenses exclusives. Inscrivez-vous dès maintenant et commencez à cumuler des avantages.
Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.