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La régulation MiCA mal appliquée au sein de UE, l’ESMA prête à reprendre la main

7h00 ▪ 5 min de lecture ▪ par Mikaia A.
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Dans le Vieux Continent, la régulation est une passion autant qu’un réflexe bureaucratique. Ici, on ne se contente pas de surveiller : on encadre, on balise, on verrouille. Et parfois, ces verrous portent des noms tels que MiCA ou ESMA. Derrière ces acronymes, des règles de plus en plus strictes sur les cryptos, censées protéger sans asphyxier. Mais quand l’application varie d’un pays à l’autre, c’est toute l’ambition de l’UE qui se fissure.

Une silhouette menaçante surveille l’Europe, éclaire l’Allemagne et ses “30” licences, laissant le Luxembourg dans l’ombre avec “3”.

En bref

  • MiCA est entré en vigueur, mais son application varie énormément selon les pays européens.
  • L’Allemagne délivre des licences crypto tandis que le Luxembourg reste très restrictif sur ce plan.
  • L’ESMA critique Malte et veut unifier les pratiques pour éviter les failles réglementaires persistantes.
  • Les régulateurs locaux devront devenir des techniciens, l’Europe avançant vers une centralisation plus forte.

MiCA : quand l’ambition européenne rencontre la réalité des États membres

Depuis janvier 2025, le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets) est officiellement entré en vigueur. Il promettait une harmonisation des règles pour tous les acteurs du secteur crypto au sein de l’UE. Mais l’unité affichée sur le papier s’érode sur le terrain.

L’Allemagne, par exemple, a déjà accordé plus de 30 licences crypto, souvent à des banques traditionnelles. Pendant ce temps, le Luxembourg n’en a validé que trois, uniquement pour des poids lourds déjà bien installés. Cette disparité alimente un risque d’arbitrage réglementaire : certains acteurs choisissent les juridictions les plus souples, faussant la concurrence.

Lewin Boehnke, Chief Strategy Officer chez Crypto Finance Group, n’a pas mâché ses mots :

Il y a une application très, très inégale de la réglementation.

L’ESMA (European Securities and Markets Authority) a mis les pieds dans le plat en pointant récemment la MFSA de Malte : selon un rapport officiel, le régulateur maltais n’a que partiellement répondu aux attentes dans l’octroi de licences crypto.

L’ESMA veut passer de l’ombre à la lumière dans la supervision crypto

Ce qui n’était qu’un débat technique devient une question politique. Faut-il laisser chaque pays jouer sa partition ou confier la baguette à un chef d’orchestre unique ? Pour plusieurs États membres, le choix semble fait.

La France, l’Italie et l’Autriche soutiennent un renforcement du rôle de l’ESMA. L’idée n’est pas de priver les régulateurs locaux de pouvoir, mais d’accélérer l’efficacité et d’unifier les pratiques.

Toujours selon Boehnke :

D’un point de vue purement pratique, je pense que ce serait une bonne idée d’avoir une application unifiée de la réglementation. 

Mais des zones d’ombre persistent. MiCA impose par exemple la restitution « immédiate » des actifs détenus par des dépositaires. Problème : personne ne sait ce que signifie « immédiatement » dans l’univers crypto. Cela freine l’adoption, notamment chez les banques. L’interprétation uniforme de ces points sensibles devient donc cruciale.

Crypto et régulation en Europe : le futur se jouera à Bruxelles

Selon une tribune publiée par GlobalCapital, les régulateurs nationaux doivent se réinventer. L’avenir ne serait plus dans la gouvernance exclusive, mais dans l’appui technique à une autorité centrale.

Un modèle existe déjà : la Banque Centrale Européenne supervise directement les grandes banques, tout en collaborant avec les régulateurs nationaux. Ce modèle hybride pourrait s’appliquer au marché crypto

Sur le terrain, la montée en puissance de l’ESMA n’est pas perçue comme un conflit de compétences. Elle est vue comme une occasion de créer un standard unique, capable de rivaliser avec la SEC américaine. Et avec l’essor de blockchains comme Solana, Avalanche ou Cosmos, une régulation lisible devient indispensable pour protéger les investisseurs et crédibiliser le marché crypto.

Crypto & UE : repères clés pour mieux comprendre

  • 2025 : MiCA entre en application, sauf pour les stablecoins (report à 2026) ;
  • 30+ licences crypto déjà accordées en Allemagne contre seulement 3 au Luxembourg ;
  • ESMA a publié un rapport critique sur Malte en novembre 2025 ;
  • France, Italie, Autriche : soutiens déclarés à une supervision centralisée ;
  • Débat technique majeur : définition juridique de la « restitution immédiate » dans MiCA.

Avec l’ESMA en première ligne, l’Europe ne veut plus subir l’agenda américain. Elle tente d’imposer sa propre vision de la régulation financière à l’heure du Web3. Et dans l’arène mondiale des cryptos, elle entend bien devenir l’alternative souveraine au modèle de la SEC.

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Mikaia A.

La révolution blockchain et crypto est en marche ! Et le jour où les impacts se feront ressentir sur l’économie la plus vulnérable de ce Monde, contre toute espérance, je dirai que j’y étais pour quelque chose

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.