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Pourquoi l'UE a-t-elle bloqué le lancement de Bard, l'IA de Google ?

ven 16 Juin 2023 ▪ 4 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Google a dû reporter le lancement de Bard, intelligence artificielle conversationnelle, dans l’Union Européenne. En effet, la Commission irlandaise de Protection des Données (DPC), principal organisme de surveillance des données de l’UE, a bloqué la procédure pour des raisons de confidentialité. Elle explique dans un rapport que l’entreprise n’a pas expliqué comment elle prévoyait de se conformer aux règles de protection des données en vigueur. Cette décision retarde l’adoption de Bard en Europe, mais montre également le caractère strict des réglementations en matière d’IA dans l’Union.

Une capture d'écran de la page accueil mobile de Bard IA

Les causes de la suspension du lancement de Bard

Depuis le lancement de Bard en Mars, Google est parvenu à déployer son outil aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans 178 autres pays et territoires. Toutefois, la société californienne se heurte à des difficultés dans l’Union Européenne.

Le sous-commissaire de la DPC, Graham Doyle, explique dans un rapport que Google n’a que récemment informé la Commission de son intention de lancer Bard dans l’UE cette semaine. Il affirme également que l’entreprise américaine n’a fourni ni « un briefing détaillé ni la vue d’une évaluation d’impact sur la protection des données ou de toute pièce justificative ».

Concrètement, Google n’a jusqu’à présent pas fourni d’explications suffisantes sur la matière dont son outil d’IA génératif protège la vie privée des Européens. Le régulateur européen n’a donc eu d’autre choix que de retarder son lancement. En outre, la DPC exige que l’entreprise fournisse dans de brefs délais une évaluation détaillée et réponde à des questions supplémentaires sur la question.

L’approche stricte de l’Union en matière de réglementations de l’IA

Ce n’est pas la première fois que le lancement d’un outil IA est interrompu dans l’UE pour des questions de confidentialité. On se souvient que ChatGPT, l’outil d’Open AI, a essuyé les mêmes déboires avec les régulateurs européens. Son utilisation avait même été interdite en Italie !

Finalement, l’interdiction a été levée après des débats éclairés sur la confidentialité des données. À son tour, Google se retrouve dans une situation similaire avec la DPC. La suspension du lancement de Bard IA cas montre clairement que l’approche de l’Union Européenne en matière de réglementation IA est bien plus stricte que dans les autres pays.

La pression exercée sur les technologies de l’IA dans l’Union découle de la loi sur l’IA déposée en Mai 2023. Cette loi propose un cadre de régulation de l’intelligence artificielle. Elle tente d’aligner la gestion des technologies de l’IA sur le règlement général lié à la protection des données.

La loi sur l’IA de l’UE met l’accent sur la sécurité et la vie privée des utilisateurs européens ainsi que la responsabilité des entreprises opérant dans l’espace. Ses exigences sont différentes, voire supérieures aux dispositions fixées au Royaume-Uni ou aux États-Unis.

L’impact sur les sociétés d’IA génératives

Bien qu’il soit important de s’assurer que les technologies de l’IA déployées dans l’Union respectent les réglementations, il faut néanmoins s’interroger sur l’impact de ces dispositions sur les sociétés d’IA génératives et, dans une certaine mesure, sur l’adoption de l’IA.

Le PDG d’Open AI, Sam Altman, a par exemple déclaré en mai que son entreprise pourrait quitter le bloc européen s’il devenait trop difficile de se conformer aux lois proposées sur l’intelligence artificielle. Il craint notamment que celles-ci ne contraignent les sociétés d’IA génératives à révéler les matériaux utilisés pour développer leurs grands modèles linguistiques.

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Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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