Le projet de loi budgétaire de Trump pourrait ruiner les finances US !
Tandis que les marchés scrutent chaque geste de la Fed et que la dette publique américaine franchit de nouveaux records, Donald Trump relance un vaste projet fiscal. Sa proposition est de prolonger et d’amplifier les baisses d’impôts de 2017. Même si ses partisans y voient un levier de croissance, les économistes redoutent une dérive budgétaire massive. Ce texte, surnommé « One Big Beautiful Bill », cristallise les tensions entre ambition politique et viabilité financière.
En bref
- Donald Trump relance une réforme fiscale ambitieuse, visant à prolonger et étendre les baisses d’impôts de son premier mandat.
- Selon le Congressional Budget Office (CBO), cette “grande et belle loi” pourrait creuser la dette fédérale de 2 400 milliards de dollars d’ici 2034.
- Le gouvernement défend la réforme, assurant qu’elle permettra de réduire le déficit de 1 600 milliards $ grâce à des économies et à une hausse des recettes douanières.
- À moyen terme, cette réforme pourrait avoir des conséquences profondes sur les équilibres budgétaires américains et sur la dynamique du marché crypto.
Une réforme fiscale controversée : les chiffres et les premières tensions
Alors que les tensions montent entre Trump et Musk autour du projet de loi budgétaire, le Congressional Budget Office (CBO) a publié ce 5 juin une évaluation qui a immédiatement enflammé le débat économique à Washington.
Selon cet organisme indépendant rattaché au Congrès, le projet de loi fiscale porté par Donald Trump, présenté comme un prolongement de sa politique de baisse d’impôts du premier mandat, pourrait aggraver la dette publique de 2 400 milliards de dollars d’ici 2034.
Le texte prévoit la reconduction, mais aussi l’élargissement de plusieurs réductions fiscales, ainsi que des coupes dans des programmes sociaux. « Nous préparons vos baisses d’impôts », affiche la Maison-Blanche sur son site officiel, illustré d’une photo solennelle du président.
Le projet, déjà adopté à la Chambre des représentants, attend désormais un vote décisif au Sénat, espéré par l’exécutif d’ici le 4 juillet.
Ces annonces interviennent dans un climat budgétaire particulièrement tendu, aggravé par la dégradation de la note de crédit des États-Unis par Moody’s, qui a retiré en mai le triple A. La dette fédérale atteint désormais les 37 000 milliards de dollars, un niveau record.
Le CBO, tout en soulignant l’effet inflationniste potentiel du texte, a détaillé les impacts chiffrés de la réforme :
- +2 400 milliards de dollars sur la dette fédérale d’ici 2034, dus aux nouvelles baisses d’impôts ;
- 1 200 milliards de dollars de réductions de dépenses prévues sur dix ans ;
- 1 600 milliards de dollars « d’économies obligatoires » avancées par l’administration pour compenser partiellement les coûts ;
- Des coupes significatives dans Medicaid, susceptibles d’impacter plusieurs millions de bénéficiaires ;
- Une pression accrue sur les marchés obligataires, notamment sur les titres à long terme.
Ces données font l’objet d’interprétations divergentes. La Maison-Blanche affirme que la réforme permettrait une réduction historique du déficit, tandis que les experts du CBO alertent sur une dynamique d’endettement non soutenable. Entre projections divergentes et tensions institutionnelles, la ligne de fracture est désormais bien visible.
Des fractures internes et des critiques acérées : le camp Trump se fissure
Au-delà des estimations économiques, le projet de loi divise jusqu’au sein du camp républicain. Plusieurs élus conservateurs ont exprimé publiquement leurs réticences face à l’ampleur du déficit que cette réforme pourrait générer.
« Je refuse d’accepter des déficits de plus de 2 000 milliards de dollars comme la nouvelle norme », a déclaré le sénateur républicain du Wisconsin, Ron Johnson, sur ABC News. Pour lui, ce texte compromet la rigueur budgétaire que le parti revendique traditionnellement.
Ces voix dissidentes pointent également les coupes dans Medicaid, susceptibles de priver des millions d’Américains de leur couverture santé, un sujet politiquement sensible.
La fronde ne vient pas uniquement du Sénat. Elon Musk, jusqu’ici proche du président et impliqué dans le Department of Government Efficiency (DOGE), un groupe de travail qui vise à réduire les dépenses publiques de 1 000 milliards de dollars, a violemment critiqué le projet.
Il l’a qualifié de « projet de loi budgétaire énorme, scandaleux et clientéliste », allant jusqu’à parler « d’abomination répugnante ». Dans le même temps, Stephen Miller, haut responsable à la Maison-Blanche, a tenté de discréditer le CBO en le qualifiant d’organisme « de gauche », et a remis en cause la méthodologie utilisée dans ses projections.
À court terme, ce climat d’incertitude pourrait affecter la confiance des investisseurs dans les bons du Trésor américain à l’instar de Pékin qui lâche du lest sur ces derniers, ce qui accentuerait la pression sur le dollar et les taux d’intérêt. À plus long terme, si la réforme était adoptée telle quelle, elle pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère d’endettement structurel aux États-Unis, avec des effets de contagion potentiels sur les marchés internationaux, y compris sur les cryptos, qui réagissent souvent à la défiance envers les politiques monétaires traditionnelles.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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