Les projets de loi crypto Clarity et GENIUS reportés après un échec procédural

Mardi, dans une tournure aussi inattendue que symbolique, la Chambre des représentants des États-Unis a annulé les votes cruciaux sur deux projets de loi majeurs relatifs aux cryptomonnaies. Ce recul, survenu en pleine « Crypto Week », fait suite à un échec procédural qui expose les profondes divisions politiques autour de la régulation des actifs numériques. Alors que les regards étaient tournés vers l’adoption imminente des textes « Clarity » et « GENIUS », les discussions sont désormais gelées, laissant planer l’incertitude sur l’avenir du cadre crypto américain.

Un échec procédural révélateur d’un clivage interne

Mardi, un vote de procédure destiné à faire avancer trois projets de loi liés aux actifs numériques a échoué : 196 voix pour, 223 contre. La conséquence a été immédiate : tous les votes prévus dans la journée ont été annulés, suspendant de fait les discussions sur Clarity et GENIUS, deux textes attendus depuis des mois par l’écosystème crypto.

La loi GENIUS devait encadrer le secteur des stablecoins en imposant des garanties en dollars et des audits annuels. Elle avait déjà été approuvée par le Sénat et aurait pu rejoindre le bureau de Donald Trump avant la fin de la semaine. Quant au texte Clarity, il promettait de clarifier les rôles respectifs de la SEC et de la CFTC, tout en exigeant des normes de transparence accrues pour les acteurs de l’écosystème crypto.

Mais c’est précisément cette volonté de baliser un marché historiquement dérégulé qui suscite l’opposition. Pour certains élus républicains, notamment Greene, GENIUS ne va pas assez loin en matière d’interdiction des monnaies numériques de banque centrale (CBDC). Leur crainte ? Une surveillance étatique renforcée sur les transactions des citoyens.

GENIUS et Clarity : des projets ambitieux en suspens

Derrière l’annulation de mardi se joue bien plus qu’un simple contretemps législatif. Les projets Clarity et GENIUS incarnaient une tentative historique de donner aux États-Unis une feuille de route claire sur les cryptos. GENIUS, notamment, proposait d’instaurer un marché des stablecoins soutenu par le secteur privé, garantissant la sécurité des utilisateurs tout en protégeant la souveraineté monétaire du pays.

Cody Carbone, PDG de la Digital Chamber, reste optimiste. Selon lui, les discussions reprendront mercredi. Il soutient que GENIUS est la meilleure réponse au spectre de la CBDC : plutôt que d’interdire par la contrainte, il propose de rendre le recours à une monnaie numérique publique obsolète par la performance d’un marché concurrentiel privé. Une position partagée par plusieurs figures de l’industrie, mais encore contestée dans les rangs politiques.

En coulisse, Donald Trump ferait pression pour faire avancer le projet rapidement, conscient de l’impact stratégique que pourrait avoir cette législation sur l’économie numérique américaine. Son implication directe pourrait faire pencher la balance dans les prochains jours.

Une Crypto Week au goût d’amertume… mais pas sans lendemain

La Crypto Week, présentée comme une opportunité inédite de faire évoluer le cadre réglementaire, se heurte finalement à la réalité des tensions partisanes. La Chambre devait également examiner un projet de loi distinct, porté par Tom Emmer, interdisant à la Réserve fédérale d’émettre une CBDC accessible aux particuliers : un texte qui, ironiquement, aurait pu répondre aux objections des frondeurs.

Les enjeux dépassent largement le cadre technique. Il s’agit ici d’un affrontement idéologique entre un État garant des libertés numériques via un cadre souple, et une approche plus restrictive, méfiante à l’égard de toute forme de monnaie numérique centralisée.

En attendant une reprise éventuelle des votes, prévue hypothétiquement mercredi pour Clarity et jeudi pour GENIUS, les marchés crypto restent dans l’expectative. Car au-delà des débats internes, l’Amérique joue sa crédibilité face à des puissances comme la Chine qui avannce à pas feutrés ou l’Europe, déjà en avance sur la régulation des actifs numériques.