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Mastercard veut connecter stablecoins, CBDC et dépôts bancaires tokénisés

jeu 17 Août 2023 ▪ 7 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Décidé à conquérir l’univers du Web3, Mastercard, le leader mondial des cartes de crédit, poursuit ses initiatives avec un plan très ambitieux. La société s’investit dans la création d’un monde où on peut transférer des cryptos de manière transparente entre blockchains publiques et privées et où les CBDC, les stablecoins et les dépôts bancaires tokénisés révolutionnent les paiements. Dans une interview accordée à la presse, Raj Dhamodharan, Vice-Président en charge de la stratégie blockchain et crypto de Mastercard, donne toutes les précisions sur la vision de la société.

Logo de Mastercard

Tokénisation des dépôts bancaires ou fusion de l’économie réelle et l’économie crypto

Pour la société Mastercard, les derniers mois ont été marqués par une série d’initiatives les unes aussi innovantes que les autres dans les écosystèmes crypto et NFT. Tout récemment, elle a fait parler d’elle avec son réseau « Multi Token Network » (MTN). Le MTN veut permettre aux développeurs de créer des applications de paiement dans lesquelles les dépôts bancaires tokénisés peuvent être utilisés pour des paiements et des règlements quotidiens.

Dans l’interview donnée à la presse, Raj Dhamodharan, Vice-Président en charge de la stratégie blockchain et crypto chez Mastercard affirme que le but ultime de l’innovation est d’en arriver à un tel point où les dépôts bancaires soient transférés dans l’économie crypto pour s’utiliser sous forme de tokens.

Imaginez une seconde l’argent disponible dans votre compte bancaire être représenté sous forme de tokens et capable d’être échangé contre un autre actif numérique ou de servir à faire des paiements.

Selon Raj, les transactions paraîtront d’un côté comme un dépôt bancaire et seront reçues de l’autre côté sous la forme d’un CBDC ou d’un stablecoin. Il s’agira donc de mélanger les dépôts bancaires tokénisés, les CBDC et les stablecoins au sein d’un même système de paiement.

Fluidifier les paiements transfrontaliers grâce à l’interopérabilité

Pour le responsable de Mastercard, la société vise à améliorer les transferts transfrontaliers grâce aux cryptomonnaies en résolvant les problèmes de lenteur de traitement et d’exécution des transactions d’un pays à l’autre et d’éliminer les risques de sécurité liés aux transactions.

Le cadre précise également que les dépôts bancaires tokénisés pourront être utilisés dans des smart contrats. Ainsi verra le jour une nouvelle gamme d’applications financières, intégrant les paiements conditionnels et des déclencheurs. Des dispositions seront prises pour que les transferts transfrontaliers se fassent dans le respect des exigences AML (anti-blanchiment d’argent) et KYC (Know Your Customer) des pays impliqués.

Le réseau MTN de Mastercard pourrait s’étendre prochainement aux CBDC et aux stablecoins

Comment fonctionnera ce nouveau système ?

Selon les explications de Raj, trois éléments entreront dans la mise en œuvre du nouveau système financier pensé par Mastercard. Dans un premier temps, il faudra que les banques acceptent que les dépôts bancaires en leur possession soient représentés sous forme de tokens.

Cela permettra d’avoir accès aux billions de dollars qui alimentent l’économie réelle et de créer une passerelle plus ou moins directe entre l’économie réelle et l’économie crypto.

Dès que les dépôts sont tokénisés et prenne vie sur la blockchain, ils seront plus liquides et plus faciles à déplacer d’une banque à l’autre et vers des entités non bancaires comme des entreprises pour les paiements.

Ces dépôts seront disponibles sous forme de tokens de paiement, représentant différentes formes de devises ou sous la forme de tokens d’actifs, c’est-à-dire des NFTs représentant diverses formes d’actifs.

Mais pour qu’une transaction soit effectuée, il devra y avoir une coordination entre toutes les parties impliquées. Il faudra savoir qui devra payer, quel est le montant à payer, dans quelle devise le paiement sera fait, les conditions à remplir pour que le transfert de valeur soit déclenché, etc.

Une partie enverra des tokens et l’autre recevra le transfert sous forme de stablecoin ou de CBDC selon l’environnement crypto du pays. Les États, les banques commerciales, les banques centrales ainsi que les entreprises se verront ainsi collaborer au sein d’un même cadre pour rendre le transfert transfrontalier possible et plus fluide.

En l’état actuel des choses, il n’existe pas encore un tel système de coordination et c’est cela qui, selon le cadre de Mastercard, justifie la lenteur de certaines transactions interbancaires ou des banques vers des entités non bancaires. Il faudra mettre en place plusieurs accords commerciaux.

Sommes-nous à l’aube de la création d’une monnaie mondiale ?

Sans vouloir rentrer dans des suppositions apocalyptiques, l’avancée rapide des cryptomonnaies et l’entrée récente sur le marché crypto des géants des paiements internationaux fait réfléchir. On avance certainement vers une nouvelle ère où l’économie réelle fusionne totalement avec l’économie virtuelle, l’ère de la montée en puissance des CBDC, des stablecoins, des NFT et des dépôts bancaires tokénisés.

Les banques représenteront les dépôts de leurs clients sous forme de tokens tandis que les factures, les bulletins de salaire, etc., seront représentés sous forme de NFT et pourront être échangés contre des droits.

Comme l’indique le Vice-Président exécutif de Mastercard, une monnaie créée dans un autre système de blockchain privée pourra être transférée sous une forme donnée pour des transactions et être disponible pour toutes les applications qu’une blockchain publique serait en mesure d’héberger. Imaginez donc les possibilités si cela devait être étendu à d’autres devises ?

Dans la poursuite de sa vision, Mastercard, rappelle le cadre, a récemment participé, conjointement avec plusieurs grandes institutions financières américaines, à la publication de rapports ouverts au public démontrant la viabilité technique et juridique de cette innovation. Actuellement, comme l’annonce Raj Dhamodharan, la Banque centrale australienne a déjà mis en place un système initial pour le système pilote de Mastercard avec un CBDC.

La Chine a déjà son CBDC et pourrait être un marché favorable à l’adoption de cette technologie. De même, l’adoption en avril dernier de la MICA peut être considérée comme un signe positif pour le marché européen. Bien que cela laisse penser à un chemin tout tracé vers la concrétisation, il faudra quand même plusieurs années pour que la plupart des dépôts bancaires soient tokénisés et pour que ces tokens servent de mécanismes d’échange ou sous-tendent les fondations d’un nouveau système financier.

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Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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