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Peut-on vraiment faire confiance au bitcoin ?

dim 17 Sep 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Martin

Réputé pour être infalsifiable et totalement transparent, le bitcoin est souvent érigé comme un parfait réseau « trustless ». Mais est-on sûr que l’on ne fait confiance à personne d’autre qu’à soi-même lorsqu’on utilise Bitcoin ? C’est la question qu’a posée Pierre Schweitzer lors du Surfin Bitcoin 2023 à Biarritz

Une pièce de bitcoin à côté d'un cadenas dans le sable

« Don’t trust, verify »

« Don’t trust, verify. » (ne faites pas confiance, vérifiez) est l’adage est bien connu des bitcoiners. Il met l’accent sur un des aspects les plus importants de la blockchain de Bitcoin : se passer de tout tiers de confiance. C’est le principe du zero trust : aucun appareil ni aucun utilisateur ne bénéficie de confiance a priori. Autrement dit, c’est l’idée d’une confiance « pure » sous forme mathématique, transcendant les aspects humains tels que la morale, l’éthique ou le jugement.

Bitcoin n’enlève pas totalement le besoin de confiance

En réalité, il y a une limite à la vérification. En effet, il y a forcément un moment où l’on doit faire confiance. C’est l’idée que défend Pierre Schweitzer. Présent au Surfin Bitcoin 2023, il s’exprime dans une conférence intitulée « Le paradoxe de l’absence de confiance dans le réseau Bitcoin. »

Socialement, nous sommes tous liés. Que ce soit par la monnaie, la production, la division du travail ou encore les contrats : notre société se base sur des relations de confiance à tous les niveaux. De même, Bitcoin nous rend interdépendants, collectivement.

Pierre Schweitzer commence à interroger le public de Surfin Bitcoin :

« Combien d’entre nous ont réellement audité le code de Bitcoin » ?

En réalité, on doit faire confiance au code, en tout cas, à ceux qui l’ont vérifié à notre place. Qui d’entre vous ont les compétences et le temps nécessaire pour aller vérifier le code de Bitcoin ? À bien des égards, nous devons accorder notre confiance à un moment ou à un autre dans l’utilisation de Bitcoin.

Il y a toujours un moment où nous devons faire confiance.

Une totale absence de confiance impossible

  • Faire confiance au wallet. Un portefeuille Bitcoin est nécessaire pour interagir avec la blockchain Cette interface est développée par des personnes dont on ne connaît rien, qui ne parlent pas notre langue. Même le fournisseur de wallet doit faire confiance à son équipe de développeurs. Pourtant, l’humain est faillible, et l’appât du gain corrompt : s’y exposer, c’est faire confiance.
  • Confiance dans la personne à qui l’on vend ou achète des bitcoins. Au moment d’acheter du bitcoin en peer-to-peer ou même de main à main, le bitcoiner doit forcément accorder sa confiance.
  • Il faut aussi se faire confiance à soi, et en sa capacité de conserver sa clé privée dans le temps. Comment être sûr que je serai en mesure de contrôler ma clé privée, éternellement ? Que se passe-t-il en cas d’accident ?
  • Se fier aux solutions Fiat/BTC. Pour obtenir des bitcoins, il faut faire confiance aux entreprises qui permette d’embarquer dans l’écosystème. Comment convertir ses euros en BTC sans faire confiance à ces intermédiaires ?
  • Croire le prix du marché. Nous devons faire confiance à CoinMarketCap sur l’affichage des prix et des datas, elles-mêmes utilisées par énormément d’acteurs de l’écosystème. Pourtant, les risques de manipulations de ces données existent.
  • Enfin, l’infrastructure même d’Internet. Nous devons faire confiance à l’infrastructure du web pour échanger du bitcoin. Est-on bien certain que ce réseau est fiable à 100 % ? En réalité, le plus grand réseau du monde implique tellement d’acteurs différents qu’il est impossible de se passer de tiers de confiance : les gouvernements, les fournisseurs d’accès internet, les entreprises qui maintiennent le réseau ou encore les fabricants de composants électroniques. Toutes ces entités doivent avoir la confiance du bitcoiner.

Bitcoin redonne du pouvoir sur la confiance

Bitcoin est un outil puissant taillé pour les échanges mondiaux sans frontières. Cet Internet de la monnaie transcende les barrières et propose de bâtir un nouveau système financier. En outre, le bitcoin est similaire à l’or, avec l’avantage de ne pas être contrôlé par les gouvernements. Mais on pourrait trouver au bitcoin quelques inconvénients : par exemple, il est beaucoup plus complexe à vérifier que l’or. Un oeil expert peut ainsi facilement juger de l’authenticité d’une pièce en or, simplement en l’observant.

Bitcoin traverse aussi bien les questions sociales, politiques ou économiques. Loin d’exister tout seul, il n’est pas déconnecté du monde humain. Au contraire, il y est profondément imbriqué, et de fait, garde des traces de confiances à plusieurs niveaux. Même si Bitcoin est un système mathématique particulièrement élégant et bien pensé, il ne se suffit pas à lui-même : il doit s’appuyer sur des systèmes préexistants, qui font forcément appel à la confiance. D’ailleurs, pour être adopté à une large échelle, le réseau ne pourra de toute façon pas exister de manière autonome, dans son coin. En revanche, ce que Bitcoin permet, c’est de regagner de contrôle et de choisir à qui nous accordons notre confiance. Quand faisons-nous confiance ? À qui faisons-nous confiance ? Bitcoin permet de choisir. Mais il ne fait pas totalement disparaître le besoin de confiance.

Répété tel un mantra, « Don’t trust verify » est devenu emblématique de l’écosystème du bitcoin. Pourtant, le dicton révèle un paradoxe : il faut bien une dose de confiance pour utiliser l’invention de Satoshi Nakamoto. Il en faut même pas mal !

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Martin

Fasciné par l'histoire du Bitcoin et le mouvement cypherpunk, je pense que les citoyens doivent réinvestir le champ de la monnaie. Mon but ? Démocratiser et rendre visible le potentiel de la blockchain et des cryptomonnaies.

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