Y aura-t-il encore du bitcoin dans 100 ans ?

Tandis que l’or est utilisé depuis plus de 5 000 ans, certains crypto-enthousiastes n’hésitent pas à comparer le potentiel de longévité du bitcoin à celui du précieux métal. Le bitcoin pourrait-il vraiment survivre au passage du temps ? Sortons la boule de cristal.

Y aura-t-il un musée du bitcoin ?

Les cryptomonnaies comme le bitcoin ont la réputation d’être solides, à l’image de la blockchain, un protocole informatique qui permet littéralement d’enchainer des données (contenant de la valeur) entre elles, grâce à un registre commun distribué. De là à penser que le BTC existera encore dans 100 ans, le pari semble osé. Car que gardera-t-on réellement des cryptos d’ici à un siècle ? Le 22ᵉ siècle regardera-t-il d’un œil curieux les premières expériences cryptographiques ? S’en souviendra-t-on seulement ? Y aura-t-il un musée des cryptomonnaies comme on trouve aujourd’hui un musée de la machine à vapeur ?

Il est bien entendu très difficile de prévoir si le contexte actuel sera encore valable sur une telle échelle de temps. En effet, énormément d’incertitudes planent sur notre avenir : pandémies, guerres, dérèglement climatique. D’un autre côté, beaucoup de technologies utilisées actuellement sont relativement nouvelles au regard de l’histoire : c’est le cas d’Internet. En à peine 40 ans d’existence, le réseau a changé la face du monde, et sont les 20 dernières années qui ont été les plus signifiantes en termes de changements. Aujourd’hui, on imagine difficilement la disparition d’Internet, tellement cette technologie est devenue incontournable. Or, Bitcoin et Internet sont souvent comparés (à tort ou à raison).

Bitcoin, aussi éternel que l’or ?

De même, certains bitcoiners sont convaincus que le BTC a toutes les propriétés nécessaires pour entretenir une extraordinaire longévité. Cette jeune communauté se persuade d’être au tout début d’une aventure technologique et monétaire pouvant changer la face du monde. C’est donc naturellement qu’ils osent la comparaison avec un symbole d’éternité : l’or.

L’or est à la fois monnaie, élément chimique, et énergie. En fait, l’or est littéralement de l’énergie en barre : il est créé dans le cœur d’une étoile, puis éjecté de toute part au commencement de notre système solaire. Sur Terre, on le retrouve enfouis (plus rarement en surface), et les étapes pour l’extraire et le rendre utilisable sont complexes. Cependant, l’or a une propriété véritablement extraordinaire : il est inoxydable, il ne se dégrade pas dans le temps. Voilà pourquoi le métal jaune fascine les hommes depuis des millénaires. Pour beaucoup de peuples, l’or a en effet une dimension symbolique forte. Puisque éternel, en avoir permet de se rapprocher des dieux. Ainsi, les guerriers celtes avaient l’habitude de combattre nus. Comme simples accessoires, ils portaient des bijoux en or, dont l’aura été censée les rendre immortels, insensibles aux blessures et aux coups.

Un or numérique qui a tout à prouver

De même, Bitcoin est à la fois monnaie, protocole informatique et énergie. Son extraction, son « minage » lui garanti une certaine valeur. En d’autres termes, Bitcoin contient le Proof-of-Work (PoW). Tout comme l’or, Bitcoin n’a pas vraiment d’utilité intrinsèque. Toutefois, il est naturellement adopté, reconnu par une communauté très large, et ce, partout dans le monde. Sans concertation, il s’impose comme un moyen d’échange de valeur spontané, profondément politique. Insensible à la défiance des États et des pouvoirs centralisateurs, il est précisément choisi pour la confiance qu’il inspire dans le temps. Il se rapproche au fil des ans d’une forme de réserve de valeur numérique fongible.

L’optimisme sans limites de certains bitcoiners trace une certaine idée du futur. Cette communauté s’efforce de développer un narratif séduisant autour de cette cryptomonnaie pionnière. Pour cela, quoi de mieux que le GitHub Arctic Vault ? Parmi d’autres logiciels, ce projet met à l’abri le code de bitcoin pour 1000 ans en Antarctique, dans un bunker ! Une initiative qui rappelle le Svalbard Global Seed Vault. Cette arche de Noé végétale rassemble plus d’un million d’échantillons de semences afin de les préserver pour le futur : un véritable trésor commun.

À la manière des graines découvertes dans des silos antiques, le code de Bitcoin pourrait-il être un patrimoine de l’humanité à préserver ? Certains le pensent. Hasard sémantique, les « seed phrases » ont une importance toute particulière pour la sécurité et la conservation de cryptomonnaies. Tout comme les graines gardent leur potentiel vital, le code renferme une puissance, un pouvoir créateur. Ainsi, les mots utilisés ne sont pas anodins, car ils participent au rêve d’un protocole informatique open source, durable et au service du commun. Une idée que l’on retrouve dans la philosophie des bitcoiners à travers un slogan emblématique simple : code is law.

Un réseau antifragile

Tel l’or, Bitcoin est également utilisé comme système comptable. Par la blockchain, il fonctionne comme un vaste système de registre distribué, où chaque bloc est solidaire du précédent. Si l’on fait abstraction des menaces (informatique quantique, guerres, pénuries d’énergie), Bitcoin pourrait donc avoir ses chances en tant que technologie. Sa force réside en son réseau. Décentralisé, autonome, il fonctionne comme une gigantesque structure tentaculaire, sans tête : acéphale.

Et même s’il est très probable que des systèmes plus performants verront le jour, Bitcoin pourrait constituer une base pour quelque chose de plus grand. Après tout, on utilise bien aujourd’hui encore certaines technologies datant du début de l’ère industrielle : photographie, réseau électrique, radiophonie. Ces technologies font partie de notre quotidien, au point que nous ne les remarquons même plus. Pourtant, nous ne saurions nous en passer.

Bitcoin plus fort que les monnaies traditionnelles ?

L’histoire de la monnaie est faite de nombreux rebondissements. Malgré la formidable longévité du dollar US (créé en 1785), qui sait si la devise américaine sera encore d’actualité dans 100 ans ? La confiance en la monnaie fluctue en fonction des ascensions et des chutes des empires. C’est cette confiance qui donne de la valeur – ou pas – à la monnaie. Si vous essayez de payer vos courses en pièces romaines antiques, il est probable que l’on vous prenne pour un fou. Pourtant, il fut un temps où cette monnaie était reconnue dans tout le monde antique.

Le bitcoin rassemble quant à lui plusieurs caractéristiques inédites depuis « l’invention » de la monnaie. En effet, il est lui-même spécialement construit pour une infrastructure informatique qui bouleverse l’humanité : Internet. Ce temps d’avance pourrait en faire un objet tout à fait unique. Car malgré ses failles, le fait d’être le premier est un argument qui plaide en faveur de la longévité de Bitcoin. By design, Bitcoin est donc taillé pour les échanges numériques et à distance, contrairement aux monnaies traditionnelles, qui ont été contraintes de se numériser, sans forcément être paramétrées pour cela. Si l’on est encore loin d’une véritable adoption, la reconnaissance de bitcoin comme monnaie officielle au Salvador en 2021 ouvre peut-être une brèche.

Conclusion

Bien entendu, il est peu probable que des cryptomonnaies telles que le “Babydoge” ou le « Wownero » soient encore là dans 100 ans. Quoique ? L’avenir nous réserve toujours des surprises. Peut-être que le Dogecoin sera la monnaie étalon du gouvernement martien instauré par Elon Musk en 2056 ? En attendant, c’est bel est bien Bitcoin qui reste le meilleur candidat pour gagner le titre d’or numérique, fongible et sécurisé. À la condition de survivre aux épreuves qui l’attendent…

Martin

Fasciné par l'histoire du Bitcoin et le mouvement cypherpunk, je pense que les citoyens doivent réinvestir le champ de la monnaie. Mon but ? Démocratiser et rendre visible le potentiel de la blockchain et des cryptomonnaies.