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La nouvelle ère des crypto actifs : Le rapport du député Pierre Person

jeu 09 Juin 2022 ▪ 5 min de lecture ▪ par Krull

Selon les mots du député français Pierre Person, le rapport présente 3 objectifs : dresser un état des lieux de l’évolution de l’écosystème depuis 2019, démocratiser son fonctionnement et décliner les enjeux géostratégiques et géopolitiques, et formuler des propositions afin d’accroître la compétitivité française. Les profondes transformations à venir auront un impact, selon l’auteur, sur la géopolitique monétaire, l’avenir de la souveraineté, l’apparition de nouvelles formes de personnes morales (DAO) et leur gouvernance, la transformation des marchés financiers, la révolution bancaire et finalement l’apparition du Web 3.0.

Les crypto actifs : une révolution multi-sectorielles

Pour reprendre les mots de l’auteur du rapport, les cryptoactifs constituent une révolution majeure. À la fois outil de libération de l’individu face aux rentes des méga-corporations du numérique et des grandes banques, les cryptos génèrent un nouveau rapport à la valeur.
Dénommés « cryptomonnaies », puis « cryptoactifs », les « cryptos » sont des objets protéiformes difficilement définissables tant leurs usages et leur fonctionnement varie. Selon lui, la catégorie « cryptoactifs » est aujourd’hui caduque car trop restrictive.

Du stablecoin, équivalent de la monnaie traditionnelle dans la sphère crypto, aux securities, actif financier traditionnel tokenisé ou nativement numérique, en passant par les NFT, les cryptos peuvent être des monnaies, des actifs ou même des droits sans valeur pécuniaire.
Si la qualification monétaire des cryptos a longtemps fait débat, Bitcoin est une monnaie d’après le député; et ce pour deux raisons. Ses utilisateurs le considèrent autrement qu’un simple moyen d’échange, mais aussi comme une valeur refuge à moyen terme.
Sa prophétie autoréalisatrice le consacrera comme l’or numérique. La reconnaissance par des pays tiers de Bitcoin comme devise nationale ou étrangère constitue un fait légal que la France ne peut ignorer selon lui. « Dorénavant Bitcoin est plus proche d’une monnaie que d’un simple actif », écrit Pierre Person sur son compte Twitter.

La blockchain : un outil au service de la souveraineté

La désintermédiation liée à la décentralisation de cette technologie se déclinerait dans de nouveaux modes de gouvernance qui permettront de bâtir demain des mécanismes décisionnels totalement horizontaux, garants d’un pouvoir équilibré entre les individus, à l’inverse des structures pyramidales traditionnelles. Le combat qui se joue est moins un combat entre entreprises privées face à la puissance publique, à l’exemple du projet de Facebook, Diem (ex-Libra), mais bien plus une guerre monétaire entre les grandes zones d’influence de ce monde.

Dans ce nouveau monde ultra numérique, la souveraineté ne peut s’affirmer uniquement par la norme. Elle se crée avant tout par la compétitivité économique. À titre d’exemple, les stablecoins Tether et Circle contribuent à l’hégémonie économique et monétaire des États-Unis.
Les USA favorisent le développement de stablecoins privés basés sur le dollar afin d’étendre leur hégémonie. La Chine développe une MNBC qui lui permettra de mieux contrôler sa population et de rivaliser avec le dollar dans les échanges internationaux.

Une Union européenne hésitante quant à sa politique de régulation

A contrario, l’Union européenne hésite, tâtonne, essaie sans grande conviction. C’est pourtant un élément clé d’une Europe-puissance que cherche à développer les acteurs européens depuis que la guerre frappe l’Europe.

L’Euro numérique est une réponse essentiellement à Libra afin de préserver sa souveraineté vis-à-vis d’acteurs privés. Or, le sujet n’est plus là selon l’auteur. En effet, la concurrence se joue dorénavant entre les grandes devises de ce monde. L’Europe devrait donc établir une doctrine stratégique claire. L’euro numérique ne peut être uniquement le projet de la Banque centrale européenne (BCE), décidant seule d’une nouvelle forme de notre monnaie commune, tout cela parce que nous avons estimé il y a 30 ans qu’elle était indépendante.

Tout comme l’Euro a été le fruit d’une volonté politique, l’Euro numérique doit être avant tout un outil validé démocratiquement. Ce choix n’appartient qu’aux citoyens et aux élus qui les représentent. Pour ce faire, ces derniers doivent savoir en appréhender les enjeux.

Conclusion

Le futur semble se révéler. Ainsi, sur le terrain financier, de nouveaux acteurs apparaissent. Il s’agit par exemple de banques autonomes, de bourses d’échange et prestataires de prêts décentralisés, avec une offre de nouveaux services moins coûteux, plus rapides et disponibles pour tous, partout et tout le temps.

Ces applications décentralisées viennent en ce sens concurrencer le secteur financier traditionnel qui, plutôt que de les voir comme une opportunité, cherche à dénoncer et entraver le développement de ces nouveaux projets. Pour conclure sa présentation du rapport, le député résume ainsi : le combat de la rente contre l’innovation.

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Krull

À l'angélisme des intercesseurs du système monétaire actuel, j'oppose la DeFi, les actifs numériques et le metaverse. Juriste au Luxembourg, je m'intéresse aux fonds d'investissement en cryptomonnaies.

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