Trump menace les BRICS d’une guerre commerciale sans précédent

À l’ouverture du sommet des BRICS à Rio, Donald Trump a ravivé les tensions commerciales, menaçant de surtaxer tout pays aligné sur ce bloc émergent. Face à une coalition qui défie l’hégémonie américaine, la confrontation dépasse les tarifs douaniers pour toucher aux rapports de force globaux. Les BRICS intensifient leur rupture avec Washington, multipliant les initiatives pour se libérer du dollar, dans un contexte où l’ordre monétaire mondial se fragilise.

Les BRICS sur la défensive face à des mesures unilatérales

Le sommet de Rio, qui pourrait tourner à la désillusion pour le bloc, s’est ouvert sous haute surveillance, dans une atmosphère lourde de tension diplomatique. Réunis au Brésil pour deux jours, les dirigeants des BRICS ont publié dès l’ouverture une déclaration commune exprimant leurs « sérieuses préoccupations » face à la montée des droits de douane imposés de manière unilatérale.

Sans jamais nommer les États-Unis, les signataires dénoncent « l’augmentation de mesures douanières et non douanières unilatérales qui faussent le commerce ». Selon eux, ces pratiques nuisent aux « perspectives de développement économique global ». Les BRICS, qui représentent près de 40 % du PIB mondial et la moitié de la population de la planète, entendent ainsi faire front commun, malgré des intérêts parfois divergents.

Dans cette déclaration, les membres du bloc affirment également leur engagement envers un ordre économique plus équitable. On retiendra notamment :

• La dénonciation explicite de toutes les formes de protectionnisme déguisé, y compris les barrières non tarifaires ;
• L’appel à un renforcement de la coopération Sud-Sud pour limiter la dépendance vis-à-vis des économies occidentales ;
• La mise en garde contre les risques systémiques induits par des mesures économiques unilatérales, qui « faussent les règles du commerce mondial » selon les termes du communiqué officiel.

Toutefois, cette posture commune masque une réalité plus complexe. Le sommet de Rio est marqué par l’absence notable du président chinois Xi Jinping, qui pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 2012, n’y assiste pas.

De son côté, Vladimir Poutine s’exprime uniquement par visioconférence, en raison du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, hôte du sommet, a ouvert les débats sur un constat inquiétant : « nous assistons à un effondrement sans précédent du multilatéralisme ». Dans les couloirs du sommet, la difficulté à produire une ligne unifiée sur des sujets sensibles, comme le conflit à Gaza ou les relations avec l’Iran, illustre l’hétérogénéité croissante du groupe.

Trump relance la guerre des tarifs : une stratégie économique assumée

La réaction américaine ne s’est pas fait attendre. Quelques heures après la publication du communiqué des BRICS, Donald Trump a déclaré via son réseau social : « tout pays s’alignant sur les politiques anti-américaines des BRICS se verra appliquer un droit de douane SUPPLÉMENTAIRE de 10 %. Il n’y aura pas d’exception à cette politique ».

Dans la foulée, il a publié la copie d’une lettre officielle adressée à l’Afrique du Sud, annonçant une surtaxe douanière de 30 % applicable dès le mois d’août. Selon le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent, des surtaxes pouvant atteindre 50 % entreront en vigueur le 1^er août 2025 si aucun accord n’est conclu d’ici là avec les partenaires commerciaux.

Face à cette escalade, les réponses des grandes puissances émergentes demeurent mesurées. La Chine, par la voix de sa porte-parole Mao Ning, a souligné que « les guerres commerciales et tarifaires ne font pas de gagnants », appelant à « une coopération gagnant-gagnant ». Le Kremlin, quant à lui, a rappelé que « l’interaction au sein des BRICS n’a jamais été et ne sera jamais dirigée contre des pays tiers ».

Si les annonces américaines venaient à se concrétiser, elles pourraient entraîner un réalignement stratégique majeur dans les échanges internationaux. Pour les BRICS, ces tensions renforcent la nécessité d’accélérer les projets de paiements transfrontaliers en monnaies locales ou numériques. Certains analystes évoquent déjà une possible relance du projet de monnaie commune des BRICS, ou du moins une interopérabilité accrue entre leurs CBDC respectives.

Dans le sillage de ces développements, les infrastructures blockchain pourraient jouer un rôle de plus en plus central pour faciliter le commerce bilatéral hors système SWIFT, notamment via les protocoles DeFi ou les stablecoins non indexés au dollar. Si cette guerre des tarifs se confirme, elle pourrait bien marquer une étape décisive dans la dédollarisation de l’économie mondiale, et positionner les crypto comme de nouveaux instruments d’arbitrage économique international.