UE divisée sur l’AI Act : Paris et Berlin appellent au report
En Europe, le balancier semble hésiter : innover ou encadrer, laisser courir ou légiférer ? L’intelligence artificielle (IA) cristallise les tensions. Tandis que certaines voix réclament un cadre éthique solide, d’autres dénoncent un carcan asphyxiant. Faut-il ralentir pour mieux avancer ? À Bruxelles, les lignes bougent, les ministres argumentent, les lobbys s’activent. Derrière les discours policés, une vérité se dessine : l’Europe cherche encore sa voie entre souveraineté numérique et pragmatisme économique.

En bref
- Paris et Berlin veulent reporter d’un an les obligations pour l’IA dite à haut risque.
- Plusieurs eurodéputés craignent une manœuvre favorable aux géants technologiques déjà bien installés.
- L’Europe peine à rivaliser avec les investissements massifs des États-Unis et de la Chine.
- Des ONG dénoncent une dérégulation numérique menaçant les droits des utilisateurs et la transparence.
L’IA en Europe : quand réguler freine ou libère l’innovation
À Berlin, lors du sommet sur la souveraineté numérique, la France et l’Allemagne ont réclamé un report de 12 mois des règles les plus strictes du AI Act sur les systèmes d’intelligence artificielle à haut risque. Emmanuel Macron a souligné : «
Sur l’AI Act, nous demandons un report de 12 mois pour la mise en conformité des systèmes d’IA à haut risque. Il est également nécessaire de profiter de ce temps pour accélérer notre agenda d’innovation.
En écho, Anne Le Hénanff, ministre française du Numérique, a précisé que « l’AI Act comporte désormais trop d’incertitudes ». Les incertitudes persistantes freinent l’élan d’innovation… tandis que les États-Unis et la Chine creusent l’écart.
Certains membres du Parlement européen dénoncent cette proposition. Ils y voient une menace pour la crédibilité de l’Union, une ouverture aux influences des GAFAM, toujours prompts à profiter des zones grises réglementaires.
Mais derrière ce bras de fer politique, l’enjeu est clair : faut-il sécuriser d’abord ou laisser l’IA respirer pour exister ? Le débat traverse les rangs des jeunes startups technologiques, notamment dans l’écosystème blockchain, qui attendent une législation claire pour se développer sans craindre un revirement réglementaire à chaque initiative parlementaire.
UE, souveraineté numérique et l’IA dans la course mondiale
L’enjeu va bien au-delà de la simple conformité réglementaire. Il s’agit de souveraineté numérique, thème devenu obsessionnel pour les capitales européennes. À Berlin, Macron a martelé :
L’Europe ne veut pas être la cliente des grands entrepreneurs ou des grandes solutions venues des États-Unis ou de Chine. Nous voulons clairement concevoir nos propres solutions.
Derrière cette « préférence européenne », on lit l’inquiétude : 90 % des entreprises allemandes dépendantes du numérique se disent vulnérables face à la domination américaine et asiatique. Le rapport Bitkom montre un retard criant : l’Europe plafonne à 16 gigawatts de puissance dans ses data centers, contre 48 GW aux États-Unis et 38 GW en Chine.
Karsten Wildberger, ministre allemand de la Numérisation, plaide pour un cadre qui « évolue avec le temps ». Pour lui, mieux vaut tester, corriger, puis encadrer : « Construisons d’abord les produits, puis examinons très sérieusement leur fonctionnement, leur sécurité, et les bons processus à mettre en place ».
Et au cœur du débat, l’intelligence artificielle n’est pas seule : les crypto-actifs, le Web3 et les identités décentralisées attendent aussi leur heure dans un cadre moins contraignant et plus compétitif.
L’AI Act comme révélateur d’un dilemme : normes, innovation et droit
Ce qui se joue avec l’AI Act, c’est aussi un test de maturité juridique pour l’Europe. La Commission propose de revoir les textes, de retarder l’étiquetage obligatoire des contenus générés par l’IA à 2027, d’assouplir les obligations pour les PME. Cette volonté de « simplification numérique » pourrait ouvrir la fameuse « boîte de Pandore » redoutée par certains eurodéputés.
Les ONG, elles, montent au créneau. Une lettre ouverte signée par plusieurs associations alerte : les modifications législatives envisagées vont bien au-delà d’une simple simplification. Elles dérégulent des piliers fondamentaux du RGPD et de l’AI Act.
Mais les défenseurs du report, eux, évoquent un avenir numérique en construction. Pour eux, un excès de prudence pourrait rendre l’IA européenne aussi lente qu’inefficace. La tension est palpable, y compris sur X (ex-Twitter), où des figures de l’écosystème tech appellent à un « moratoire intelligent » – une pause stratégique, non une abdication.
Points chauds à surveiller dans le débat sur l’IA
- Décembre 2027 : nouvelle date pressentie pour appliquer les normes IA à haut risque ;
- 12 milliards d’euros d’investissements numériques promis par les entreprises européennes selon Friedrich Merz ;
- 48 GW vs. 16 GW : puissance des data centers US contre UE ;
- Pandora : nom donné par les ONG à la réforme du RGPD et de l’AI Act ;
- Bruxelles, Copenhague et Berlin : trois capitales unies pour retarder les sanctions jusqu’en août 2027.
Tandis que le débat s’envenime, une autre promesse se profile : celle de l’euro numérique. La BCE le présente comme un levier pour stabiliser et renforcer l’économie européenne. Peut-être la meilleure preuve que dans ce vieux continent, on continue de chercher l’équilibre entre contrôle, confiance et compétitivité.
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