Wall Street table sur des coupes de taux dès ce mois de septembre

En cette rentrée, les grandes banques revoient leur copie. Face à un net ralentissement de l’économie américaine, l’idée de deux à trois baisses de taux dès cette année s’impose peu à peu. Les investisseurs, suspendus aux moindres signaux de la Fed, voient dans ce changement de cap un tournant potentiel.

Wall Street revoit sa copie : un tournant dans les prévisions de taux

La dégradation des indicateurs économiques américains, notamment sur le marché de l’emploi, a déclenché une vague de révisions parmi les grandes banques d’investissement.

Le rapport sur l’emploi d’août a été largement en deçà des attentes, avec seulement 22 000 créations de postes contre 75 000 anticipées, ce qui a renforcé les anticipations d’un changement de cap monétaire, comme l’a plaidé Christopher Waller.

Dans la foulée, Bank of America, longtemps opposée à l’idée d’un assouplissement cette année, a modifié sa position : « nous projetons désormais deux baisses de 25 points de base en septembre et décembre 2025 », a-t-elle déclaré.

Même constat chez Goldman Sachs, qui prévoit désormais une série de trois baisses successives de taux à l’automne 2025, une trajectoire reprise également par Citigroup.

Voici un récapitulatif précis des projections actuelles des grandes banques pour cette année :

• Bank of America : deux baisses de 25 points de base prévues, en septembre et décembre 2025 ;

• Goldman Sachs : trois baisses de 25 points de base, réparties sur septembre, octobre et novembre ;

• Citigroup : également trois baisses de 25 points de base, mais étalées sur septembre, octobre et décembre.

Ce basculement des prévisions trouve un écho dans les propos de Jerome Powell, président de la Fed, qui a reconnu lors de son discours du 22 août à Jackson Hole des « signes clairs de modération sur le marché de l’emploi ».

Selon The Kobeissi Letter, le rapport de juin a été corrigé pour afficher une perte nette de 13 000 emplois, et les révisions cumulées pourraient atteindre 950 000 emplois pour 2025.

In 4 days, this will get even worse.

On September 9th, the BLS will revise US jobs numbers for the 12 months ending March 2025.

According to Goldman Sachs, a DOWNWARD revision of up to -950,000 jobs is coming.

This would be the biggest downward revision since 2010. pic.twitter.com/1gbn3XCdVg

— The Kobeissi Letter (@KobeissiLetter) September 5, 2025

Ces signaux renforcent l’idée que la Fed pourrait se voir contrainte d’assouplir sa politique pour répondre à son double mandat : plein emploi et stabilité des prix.

Une fenêtre d’opportunité pour les cryptos ?

Au-delà des signaux macroéconomiques, ce sont les données de marché qui confortent l’idée d’un assouplissement monétaire. Selon les outils de prévision du CME Group, 88 % des traders anticipent déjà une première baisse de 25 points de base dès la réunion du FOMC au cours de ce mois.

12 % envisagent même une baisse plus marquée, de 50 points de base. Ces anticipations, fondées sur les données de marché plutôt que sur les simples déclarations officielles, reflètent un repositionnement des investisseurs. Elles indiquent que la perspective d’une expansion du crédit à moyen terme est désormais intégrée dans les stratégies d’allocation d’actifs.

Cette potentielle détente monétaire pourrait agir comme un catalyseur pour le marché crypto, qui ont toujours bénéficié d’un environnement de taux bas et de liquidité abondante. Dans les cycles précédents, notamment entre 2020 et 2021, les politiques accommodantes ont été associées à des hausses spectaculaires sur Bitcoin et les altcoins.

Si les baisses de taux se matérialisent cette année sur un calendrier régulier, comme l’envisage Goldman Sachs, cela pourrait créer un environnement favorable à un retour de l’appétit pour le risque. Cela reste bien sûr conditionné à l’évolution de l’inflation et à la stabilité macroéconomique globale, mais les bases d’un scénario de reprise crypto sont posées.