Pourquoi la startup australienne Banxa est-elle cotée au Canada et pas en Australie ?

Dans une interview, le directeur de Banxa, une startup basée en Australie, a critiqué ouvertement la bourse locale ASX. La raison ? La bourse n’aurait pas encore pleinement compris la dynamique du marché des cryptomonnaies et refuserait de donner la chance aux entreprises de faire leurs preuves.

Déçu par la réaction de l’ASX

Banxa est une entreprise australienne dont l’activité se concentre sur les paiements pour les principaux marchés de cryptomonnaies à l’instar de Binance et de Huobi. Il y a quelques mois, afin de répondre aux exigences des régulateurs, elle a été forcée de s’inscrire à la Bourse canadienne de croissance.

Récemment, son directeur général, Holger Arians a fait part de son ressenti à propos de la situation. « La valeur est chassée d’Australie, ce qui est triste », a-t-il déclaré durant une interview accordée à The Age et au Sydney Morning Herald. Il a également ajouté que le rêve de son entreprise était de collaborer étroitement avec l’ASX, mais ce rêve a été brisé avant même de voir le jour. « Ils nous ont fermé la porte. Il n’y a pas eu de réponse, pas de dialogue », a-t-il avancé.

Fondée en 2014, Banxa a, dans un premier temps, tenté de s’inscrire à la cote de l’ASX. C’était en 2018, soit quatre années après sa création. M. Arians a affirmé que sa société avait eu des rencontres avec les dirigeants de l’ASX dans le but de discuter d’une cotation potentielle, mais que les négociations n’ont jamais abouti.

La larme à l’œil, M. Banxa a relaté une anecdote en lien avec la rencontre qui a eu lieu. « Je me souviens que quelqu’un dans la salle a dit qu’il considérait le bitcoin comme, fondamentalement, de l’argent pour les criminels. […] Nous avons grandi en Australie avec l’entreprise, et nous voulions vraiment nouer les relations et nous coter sur la bourse locale. Nous voulions faire un pas proactif dans la direction de la transparence, de la réglementation, être une société cotée et être audités. Mais cette attitude a fermé la porte à tout ce que nous faisions », a-t-il relevé.

Les régulateurs refusent le changement

Dans le monde de la finance, tout le monde n’a pas la même perception sur les cryptomonnaies. Si quelques personnes décident de leur faire confiance et de faire en sorte qu’elles gagnent en popularité, pour d’autres, ces actifs numériques définissent les contours du « Far West ». C’est d’ailleurs le point de vue adopté par de nombreuses institutions, y compris des régulateurs.

En Australie, la crainte à l’égard des cryptomonnaies diminue peu à peu. Toutefois, la tendance ne change pas encore aussi vite qu’il le faudrait. Les mentalités sont dures à transformer ! La preuve, au cours de ce mois, les fonds négociés en bourse en bitcoin (BTC) et en ether (ETH) n’ont pas été approuvés par les régulateurs, dont l’ASX.

Les acteurs du domaine ne désespèrent cependant pas. Ils continuent de croire qu’il est encore possible de revoir la donne et de renverser la vapeur. À cet effet, le porte-parole de Banxa a déclaré : « Le marché et notre réflexion évoluent. C’est un espace qui se développe rapidement et certains actifs de cryptomonnaies en particulier, tels que le bitcoin et l’ether, ont gagné un certain degré d’acceptation au sein du marché. »

Cotée au Canada, Banxa a désormais une valeur de 150 millions de dollars canadiens, soit 163 millions de dollars. M. Arians, son fondateur, pense que cette valorisation aurait été impossible si la bourse s’était implantée sur le marché australien.

Comme partout ailleurs, en Australie, de nombreuses entreprises spécialisées dans les cryptomonnaies sont obligées de déplacer le cœur de leur activité vers d’autres régions afin de prospérer. C’est le cas de Banxa, une société désormais cotée en bourse au Canada.

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