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FTX - Qui est vraiment Sam Bankman-Fried ?

mar 15 Nov 2022 ▪ 10 min de lecture ▪ par Nicolas T.

Qui est Sam Bankman-Fried ? Comment le Madoff de FTX a-t-il pu embobiner tant de monde ?

FTX, Sam Bankman-Fried

SBF

Né en 1992 à Stanford, il est le fils de Barbara Fried et de Joseph Bankman. Tous deux sont professeurs à Stanford, la plus prestigieuse école de droit au monde.

SBF est également le neveu de Linda Fried, directrice de la Columbia University Mailman School of Public Health. Cette dernière est une scientifique en épidémiologie, membre du World Economic Forum. Elle y préside le « Council on the Future of Human Enhancement ».

Cette branche du WEF touche au transhumanisme. C’est-à-dire un courant de pensée qui vise à l’amélioration des capacités intellectuelles et physiques grâce à la manipulation génétique, les nanotechnologies et l’intelligence artificielle…

SBF a donc le bras long, ce qui lui a permis d’intégrer l’école d’ingénieurs du MIT. Malheureusement, le fils prodigue s’en est allé vers une carrière de trader en rejoignant Jane Street Capital. Il cofondera peu après la société d’investissement Alameda avec son camarade d’école Gary Wang.

C’est en tirant profit des écarts de prix du bitcoin entre les États-Unis, la Corée et le Japon (arbitrage) que SBF fait fortune. Possédant environ 90 % d’Alameda, SBF engrangeait jusqu’à 20 millions de dollars par jour (supposément…).

Le jeune milliardaire crée rapidement l’exchange FTX (Fu-Tures eXchange) dans le paradis fiscal caribéen d’Antigua-et-Barbuda en avril 2019. Trois ans plus tard, FTX pèse 32 milliards de dollars et compte plus d’un million d’utilisateurs.

Ce succès fulgurant s’accompagne de la célébrité pour SBF qui s’érige en autiste philanthrope. Sans parler des millions dépensés en publicité, notamment à la mi-temps du Super Bowl.

Il faut vraiment lire ce qu’écrivait Sequoia (la plus grande firme de Venture Capital au monde) à propos de SBF pour le croire :

Extrait :

« Après mon entretien avec SBF, j’étais convaincu : je parlais à un futur trillionnaire. Le charme qu’il a exercé sur les dirigeants de Sequoia – qui sont tombés amoureux de lui après un Zoom – a eu le même effet sur moi. […] Je ne sais pas comment je le sais, mais je le sais. SBF est un gagnant. […]. J’ai ressenti autre chose : quelque chose dans mon cœur, pas seulement dans mes tripes. Après m’être assis à trois mètres de lui pendant la majeure partie de la semaine, l’avoir étudié dans l’arène humaine d’une startup et avoir discuté entre deux siestes, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que ce type est aussi désintéressé qu’il le prétend. »

« Désintéressé »… Belle anesthésie linguistique pour décrire un type qui pesait encore 16 milliards de dollars il y a quelques jours. Mais c’est ainsi. SBF a su berner son monde en se façonnant une image d’altruiste, se revendiquant de « l’utilitarisme » :

« Pour moi, l’utilitarisme signifie gagner le plus d’argent possible et devenir la personne la plus heureuse », (puis donner cet argent en vue d’avoir un impact aussi positif que possible sur le monde, soi-disant), a-t-il déclaré dans cette interview.

En somme, cette philosophie de la jouissance maximale suggère que la poursuite égoïste de l’intérêt personnel profiterait in fine à l’intérêt général.

C’est en tout cas ce que ce tartuffe voudrait nous faire croire au travers de quelques dons faméliques. Ou comment se donner bonne conscience en distribuant l’argent des autres.

Ajoutons à ce déni de milliardaire que l’utilitarisme fut théorisé par Jeremy Bentham, le père du panopticon…

La chute de FTX

Le FTT est le token de FTX. En bon shitcoin, il provient lui aussi de la blockchain Ethereum…

Il en existe 350 millions d’unités. Et comme toujours dans les scams, la moitié fut « pré-minée » en faveur de FTX. Les 175 autres millions ont été vendus pour 1 dollar pièce aux utilisateurs de FTX.

Ces FTT servent à payer des frais de transaction. L’intérêt pour leurs détenteurs est que FTX détruit un tiers des FTT qu’il collecte en frais de transaction. Dit autrement, le FTT devrait théoriquement s’apprécier avec le temps. Sauf que…

Sauf que les 175 millions de FTT de FTX sont finalement arrivés sur le marché le 28 septembre 2022 (ces FTT ne pouvaient pas être dépensés avant trois ans).

Un mois plus tard, Alameda, la société d’investissement de SBF, se retrouve sous le feu des projecteurs suite à la fuite de son bilan. CoinDesk révèle que 3,7 milliards de dollars sur 14,6 milliards de dollars d’actifs d’Alameda sont des tokens FTT tout juste débloqués.

Dit autrement, FTX a prêté des millions de FTT au fonds d’investissement de SBF qui, d’après Samson Mow, avait un « trou de 4 milliards de dollars » dans son bilan.

Le monde découvre dans la foulée Caroline Ellison, la CEO d’Alamena, qui ne parvient pas à rassurer le CEO de Binance. Au contraire, CZ annonce vendre ses 23 millions de FTT pour ne pas être le dindon de cette farce ponzienne, « comme avec LUNA »…

[Un très bref contexte expliquant pourquoi Binance détenait tant de FTT : Binance avait investi dans les actions de FTX dès son lancement. Binance décide toutefois de tout vendre le 20 juillet 2021 et se fait payer en FTT.]

Entre temps, des vidéos de Caroline Ellison refont surface. Son détachement vis-à-vis de la gestion du risque ne rassure pas. Tout comme ce tweet dans lequel Caroline, l’ancienne petite amie de SBF, avoue carburer aux amphétamines…

Retrouvez ICI l’ITW en entier

Une chose en entraînant une autre, FTX se retrouve submergé de retraits et s’enfonce dans une crise de liquidité. Et finalement de solvabilité.

D’après le Financial Times, FTX international ne détient que 900 millions de dollars d’actifs liquides face à un passif de 9 milliards de dollars. ZeroHedge s’est procuré le bilan que FTX a communiqué à d’éventuels repreneurs (confirmé par bloomberg).

Il apparaît qu’un peu plus de la moitié des actifs liquides de FTX se compose d’actions Robinhood (472 millions $).

Parmi les actifs « semi-liquides » de FTX, nous trouvons l’équivalent de 2.1 milliards de dollars en « serums ». Il s’agit d’un token pour les exchanges décentralisés lié à la blockchain Solana.

Problème, la capitalisation de marché du token serum pèse désormais moins de 100 millions de dollars…

Le bilan de FTX contient également l’équivalent de 981 millions de dollars en Solana et 543 millions en FTT qui ne valent plus rien.

Dans le rayon non liquide, notons ce qui ressemble à un pari en ligne de 7,3 millions de dollars sur la défaite prochaine de Donald Trump (trumploses). Incroyable…

Et pour couronner le tout, citant l’analyse on-chain réalisée par la société d’analyse Argus, le Wall Street Journal rapporte qu’Alameda achetait en toute illégalité des tokens avant que FTX ne les liste.

En parlant de politique…

SBF fut l’un des plus plus grands donneurs pour la campagne du président Joe Biden. Le tartuffe a dépensé plus de 40 millions de dollars dans l’espoir d’influencer la réglementation crypto au Congrès US.

Résultat, c’est sous la présidence du démocrate Joe Biden que la FED a finalement décidé de s’intéresser à la CBDC. En outre, nous attendons toujours l’ETF Bitcoin…

Mais tout cela ne surprendra pas nos lecteurs. Nous avions sonné l’alerte dès le mois de mai suite à son interview dans le Financial Times.

L’ex-milliardaire y déclarait que le bitcoin n’a « aucun avenir en tant que moyen de paiement », contrairement au Proof-of-Stake. Il osa même lâcher que la vitesse de transaction du bitcoin était liée à sa consommation d’énergie…

La chute de ce shitcoiner qui avait depuis trop longtemps l’oreille du Congrès US ravira plus d’un maximaliste. Il faut maintenant espérer que les républicains emmenés par la Sénatrice Cynthia Lummis, désormais majoritaires dans la chambre basse, fassent ce qu’il faut.

« Il est plus clair que jamais que nous avons besoin d’une réglementation complète. @gillibrandny et moi sommes prêts avec la solution. Il est temps que le Congrès adopte la loi sur l’innovation financière responsable afin de protéger l’argent durement gagné par les Américains. »

Quoi qu’il en soit, il est important de comprendre que FTX n’a rien à voir avec le bitcoin. Il ne faut pas tout confondre. Certes, la débâcle FTX déteint sur le bitcoin. Tant mieux, chacun pourra en obtenir à vil prix.

Mais fondamentalement, FTX est l’antithèse du bitcoin. Le casino de la shitcoinerie est-ce contre quoi les maximalistes mettent en garde, inlassablement. Le leitmotiv est et restera : Not your keys, not your bitcoin. La voilà la seule réglementation à laquelle il faille s’astreindre !

Gageons que plus d’un maximaliste sera forgé dans ces brasiers de shitcoins. C’est ce que suggèrent les retraits massifs de BTC depuis les exchanges. Bienvenue maximus !

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Nicolas T.

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