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Bitcoin, le prochain système monétaire international

sam 16 Déc 2023 ▪ 11 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Les tensions géopolitiques se termineront par l’émergence d’un nouveau système monétaire international. Avec le bitcoin en son centre.

Bitcoin

Le dollar est toujours roi, mais pour combien de temps encore ?

Le billet vert est la première monnaie de réserve mondiale depuis la Seconde Guerre mondiale.
Il représente 58 % des réserves de change détenues par l’ensemble des banques centrales. L’euro, la deuxième monnaie la plus utilisée, en représente 21 %.

Mais les lignes bougent, en particulier depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’air de rien, de nombreux pays profitent de cet appel d’air pour se détourner du dollar.

Désormais, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) encouragent activement l’utilisation de leurs monnaies nationales. Mais Rome ne s’étant pas fait en un jour, le dollar domine toujours les réserves de change, la facturation commerciale et les transactions internationales :

Dollar
Source : Think tank Atlanticcouncil.org

La dédollarisation prendra le temps qu’il faudra, de même que l’émergence d’une nouvelle monnaie de réserve internationale. L’or ? Le yuan ? Une CBDC ? Le bitcoin ?

En attendant, l’évolution de la part des BRICS dans le PIB mondial est sans appel. L’hégémonie du dollar va décliner franchement, tôt ou tard.

Il faut se rendre compte que l’économie chinoise dépasse déjà celle des États-Unis à parité de pouvoir d’achat. Autre signe qui ne trompe pas, l’industrie chinoise représente environ 29 % de la production industrielle mondiale totale. C’est quasiment autant que les États-Unis, le Japon et l’Allemagne réunis.

En tout, les BRICS représentent 31,5 % du PIB mondial, contre 30,7 % pour le G7. Et cet écart se creusera un peu plus avec l’arrivée de l’Éthiopie, l’Égypte, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

Certes, le dollar représente 46 % des paiements SWIFT, contre 23 % pour l’euro et 3.7 % pour le yuan, mais ces chiffres ne disent pas tout. Le CIPS (China International Payments System) a traité en 2022 un volume de transactions représentant 100 000 milliards de yuans (~ 14 000 milliards $), contre 150 000 milliards de dollars pour SWIFT. Quels seront les chiffres pour 2023 ?…

Le scénario extrême d’une dédollarisation complète des échanges internationaux serait très douloureux pour les États-Unis. Il ne leur serait plus possible d’afficher un déficit commercial abyssal sans que le dollar ne s’écroule.

S’endetter deviendra alors plus difficile. Dette du gouvernement fédéral américain :

-2008 : 10 000 milliards de dollars

-2023 : 34 000 milliards de dollars

Cela représente 70 000 dollars de dette supplémentaire (par américain) en 15 ans seulement. La dette publique américaine, qui représente aujourd’hui 1/3 de la dette publique mondiale, devra gonfler moins vite si plus personne n’en veut.

Ce sera la conséquence de la dédollarisation : une baisse du train de vie des Américains. Voici quelques exemples d’efforts menés par les BRICS en ce sens.

Brésil

Le président brésilien est un fervent supporter de la dédollarisation, même si les choses vont lentement dans les faits.

« Tous les soirs, je me demande pourquoi tous les échanges commerciaux doivent se faire en dollar », a-t-il déclaré en avril au siège de la Nouvelle banque de développement de Shanghai, aussi appelée « Banque des BRICS ».

« Qui a décidé que le dollar serait la monnaie internationale après la disparition de l’étalon-or ? Pourquoi ne pouvons-nous pas commercer sur la base de nos propres monnaies ? », avait-il ajouté, suscitant des tonnerres d’applaudissements.

Depuis, la Banque centrale brésilienne a établi une ligne de swap avec la Banque populaire de Chine (PBOC). Les deux nations peuvent désormais commercer dans leurs monnaies. En sachant que la Chine est son plus grand marché d’exportation

Si le dollar reste largement dominant dans les réserves de change du Brésil, la tendance est à la baisse depuis 2018. Les transactions non libellées en dollars vont augmenter et la dépendance à l’égard du dollar devrait significativement s’éroder à moyen terme.

Russie

Le président russe a tout récemment donné les chiffres à propos du commerce sino-russe :

« En septembre de cette année, la situation est la suivante : le rouble est à 40 %, le yuan à 33 % et l’utilisation combinée du dollar et de l’euro est à 24 %. Avant, c’était 87 %, maintenant, c’est 24 %. »

Le yuan a supplanté le dollar en tant que monnaie la plus échangée en Russie en 2023. Le billet rouge et l’or sont devenus les principaux actifs de réserve de la banque centrale russe qui n’investit plus un kopeck dans la dette américaine.

La Russie mène des politiques anti-dollar depuis 2014 afin d’atténuer l’impact des sanctions financières. Ces dernières comprennent notamment le gel de 300 milliards de dollars/euros de réserves de change.

La présidente de la banque centrale russe Elvira Nabiullina a mis en garde contre la crédibilité de l’euro. « La réputation de la monnaie a été mise en péril par le gel des avoirs russes par Bruxelles », a-t-elle déclaré.

Ce dé-troussage en règle de la première puissance nucléaire mondiale est loin d’être passé inaperçu dans le reste du monde. Nombre de nations réalisent à présent que des réserves constituées essentiellement de dollars est une stratégie très risquée.

Vladimir Poutine a déclaré cette semaine que la Russie s’intéresse de près à la blockchain et les monnaies numériques de banque centrale :

« En ce qui concerne les transactions internationales, nous nous convertissons de plus en plus à des solutions avancées, y compris celles impliquant la blockchain et les CBDC. »

Et puisque les CBDC n’utilisent pas la blockchain, peut-être s’agissait-il d’un clin d’œil au bitcoin ? Aux dernières nouvelles, Vladimir Poutine n’a encore jamais prononcé le mot Bitcoin. Plus suspect encore, une CBDC « retail » est à l’essai. Méfiance.

Concernant la CBDC « wholesale », pour les transactions internationales, il s’agit d’un projet mené par la banque des règlements internationaux (BRI) :

Inde

L’Inde évite toute initiative susceptible de soutenir le yuan. Une certaine rivalité demeure entre les deux géants asiatiques. Les indiens se concentrent sur l’élargissement d’accords monétaires bilatéraux qui facilitent les échanges en roupies. Notamment avec les Émirats arabes Unis qui lui fournissent une bonne part de leurs importations de pétrole.

Face à l’embargo occidental sur le pétrole russe, l’Inde a sauté sur l’opportunité d’acheter du naphte au rabais. Avec d’autant plus d’entrain que Moscou a fait l’effort d’accepter la roupie en paiement :

Malheureusement, le sous-continent indien ne produit pas grand-chose qui intéresse la Russie. Si bien que la banque centrale russe a finalement dit stop à la roupie. L’Inde paie désormais en dirhams des Émirats arabes unis.

En somme, l’Inde mène sa barque, ne refusant aucune aubaine, quitte à ce que cela nuise à ses relations avec l’occident. Autre exemple tangible, l’Inde utilise le système de messagerie financière russe SFPS. Cette décision datant d’avril permet l’acceptation des cartes indiennes Ru-Pay en Russie et des cartes russes MIR en Inde. C’est notable, car d’autres pays comme la Turquie ont finit par faire marche arrière sous la pression occidentale.

Chine

La Chine a établi des lignes de swap bilatérales avec tous les membres fondateurs des BRICS, à l’exception de l’Inde, et avec plus de quarante banques centrales dans le monde.

La plomberie financière parallèle chinoise est un autre indicateur avancé de l’abandon prochain du dollar par les puissances émergentes. Le système chinois de paiements international CIPS (un mécanisme de règlement en yuan) inclut désormais 119 participants directs et 1 362 participants indirects dans le monde entier.

En 2023, le yuan a dépassé le dollar en tant que monnaie transfrontalière la plus utilisée en Chine. En outre, ses réserves sous forme de bons du Trésor US ont baissé de 40 % en une décennie. Elles demeurent toutefois supérieures à 800 milliards de dollars :

La décision de lever les contrôles de capitaux, ou pas, sera un facteur clé pour permettre au yuan de devenir une monnaie de réserve internationale. Mais ce ne semble pas être l’objectif de Pékin.

En revanche, les achats d’or battent des records historiques du côté des banques centrales. La Chine en achète sans compter depuis que la Fed fait tourner sa planche à billets (QE).

Et le Bitcoin ?

On imagine mal comment le projet de CBDC puisse réconcilier les États-Unis et la Russie… Qui aura le dernier mot dans ce système (mBridge) chapeauté par la BRI ? Comment être certain qu’aucun pays ne soit jamais déconnecté, comme avec le réseau SWIFT ?

Si le but est de créer un réseau de paiement non censurable, c’est vers le bitcoin qu’il faut se tourner. Aucun pays ne peut empêcher une transaction réalisée via l’apatride bitcoin. En tout cas, pas tant que les mineurs de bitcoins seront dispersés aux quatre coins du monde.

Le bitcoin a par ailleurs l’avantage d’être un système de paiement en même temps qu’une monnaie. Deux-en-un. Il remplace à ce titre l’or qui lui est très inférieur en tant que réserve de valeur et réseau de paiement.

Le bitcoin est de l’or numérique voyageant quasiment gratuitement à la vitesse de la lumière aux quatre coins du monde. Les nations ayant accumulé de grandes quantités d’or sont dans le déni, mais il faudra bien se rendre à l’évidence un jour.

Le bitcoin est la solution de remplacement au réseau SWIFT ainsi qu’au dollar pour les transactions internationales. Si le bitcoin devait remplacer les réserves de change (~12 000 milliards $) et l’or (~14 000 milliards $), un seul bitcoin vaudrait alors 1.3 million de dollars. À bon entendeur.

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Nicolas T.

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