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Quel est le plus utile entre Netflix et Bitcoin ?

mer 26 Avr 2023 ▪ 9 min de lecture ▪ par Martin

Doit-on plutôt débrancher Netflix, ou bien Bitcoin ? La question peut paraître absurde. Pourtant, la question de l’utilité sociale du BTC est souvent au coeur des critiques. Mais à consommation électrique égale, Netflix est-il vraiment plus utile socialement que le bitcoin ?

bitcoin et netflix

L’utilité sociale du bitcoin en question

La question de l’utilité sociale à propos de Bitcoin revient régulièrement alimenter les débats. Vaut-il vraiment le coup au regard de l’énergie consommée par le réseau ? La question semble légitime. Mais elle devrait également s’appliquer aux autres services numériques de nos sociétés. « Pour quelqu’un qui pense que le bitcoin est un casino géant qui permet juste de spéculer, c’est sûr que le bitcoin consommera toujours trop d’énergie » rappelle Alexandre Stachtchenko au média Numerama.
Car si l’on considère Bitcoin du point de vue de l’émancipation collective, il paraît à première vue plus « utile » qu’une plateforme de divertissement streaming. Le bitcoin propose une monnaie décentralisée, un rempart aux politiques monétaires qui favorisent les marchés comme lors de la crise des subprimes de 2008. Les banques avaient alors étaient renflouées à coup de centaines de milliards (d’argent public) crée via la dette. C’est d’ailleurs cet événement qui précipite la mise en route du bitcoin dès 2009.

Bitcoin et son whitepaper
Bitcoin a été créé en réponse aux dérives de la crise des subprimes

Il faut d’abord reconnaître ceci : il est très difficile d’évaluer la consommation électrique de services aussi vastes qu’Internet, Netflix, Bitcoin ou la publicité en ligne de Google. Toutefois, quelques estimations nous donne une idée des coûts énergétiques de ces services numériques. Ainsi, le streaming consomme de l’énergie. Beaucoup d’énergie. Selon le Shift Project « Avec 170 millions d’abonnés dans le monde, sur la base d’une consommation de 2 h de Netflix par jour, la plateforme représente une consommation d’électricité de l’ordre de 94 TWh ».

L’énorme consommation de Netflix (et du streaming)

Pourtant, il y a d’autres problèmes propres au streaming. En effet, cette pratique incite à s’équiper en matériel toujours plus performant : smartphone, téléviseurs, processeurs… C’est toute une industrie extrêmement gourmande en ressources (et pas seulement en énergie) qui est nécessaire au streaming. Car en réalité, ce sont bien la fabrication des pièces et des composants électroniques qui consomment le plus. Et encore, on ne compte pas la course effrénée aux productions audiovisuelles, les tournages et leurs émissions en CO2…

Frankstream, une plongée dans les coulisses du streaming et son impact planétaire

Mais les mêmes reproches peuvent être faits au bitcoin. Le réseau dépend aujourd’hui d’appareils de minage sophistiqués, nécessitant des cartes graphiques high-tech. Numerama, rapporte une étude de Cambridge qui la consommation du BTC à 95,42 TWh. Un chiffre très proche de la consommation de Netflix. Pour autant, le bitcoin semble moins générateur de dépense énergétique en ce qui concerne son usage de tous les jours. Il suffit ainsi d’un vieux PC pour transférer des bitcoins d’une adresse à une autre. Il est même possible de s’échanger des BTC sans internet et sans smartphone, avec un simple téléphone. Bitcoin n’a pas une tendance naturelle au high-tech. Il fait ce pourquoi il a été conçu : proposer un protocole d’échange de valeur sécurisé et incensurable, via la blockchain.

Netflix, une entreprise qui cherche le profit à tout prix

D’une certaine manière, les consommateurs de Netflix alimentent à leur insu un système très spéculatif, qui exploitent le streaming comme n’importe quel business. En tant que multinationale, Netflix doit répondre à des logiques commerciales très fortes. D’autant plus forte que sa croissance n’a été rendue possible que par une politique de croissance agressive. À son lancement, le service était vendu à perte, à prix cassé, pour attirer une « masse critique » de client, et en absorbant la concurrence.

Siège de l'entreprise Netflix
Netflix, géant de l’industrie du streaming

Peu à peu, il a été facile pour Netflix d’augmenter progressivement ses tarifs. Le problème, c’est qu’il faut désormais rembourser à tout prix les investisseurs afin de rentrer dans les frais de production. Malgré tout, Netflix affiche ses bonnes intentions et assure prendre en compte son impact écologique :


Netflix a vocation à divertir le monde, mais cette mission suppose l’existence d’un monde habitable. C’est pour cette raison que nous accordons de l’importance à l’engagement environnemental.

Site officiel de Netflix

Si on peut se féliciter d’une telle prise de position, il ne faut cependant pas prendre être dupe. Quelle multinationale peut aujourd’hui affirmer qu’elle n’accorde aucune importance à son impact sur la planète ?

Bitcoin et Netflix : deux modèles opposés

Bitcoin, au contraire, n’est pas une entreprise. Aucun chef, dirigeant ne peut s’en réclamer propriétaire. De plus, il est open source : le code source du protocole est disponible en libre accès. Partout à travers le monde, des développeurs contribuent au code, discutent, échangent et parviennent à un consensus au niveau du protocole. Certains bitcoiners font fonctionner des nodes sans aucune forme de contrepartie, si ce n’est celle de contribuer à un réseau réellement décentralisé.

On pourrait bien sûr mentionner le fait que Bitcoin utilise une bonne partie d’énergie décarbonée, qu’il permet de valoriser l’énergie fatale (l’énergie inutilisée), par exemple en proposant de récupérer les pertes issues de l’industrie méthanière. Ou encore, que le bitcoin permet à des pays de financer leurs infrastructures, comme c’est le cas avec les barrages ou l’énergie des volcans.

Bitcoin au-dessus d'un microprocesseur.

Une monnaie durable ?

On pourrait aussi trouver cette démarche hypocrite, proche du greenwashing. En fait, l’important n’est pas là. On l’a vu, l’utilité sociale est l’argument qui emporte tout. Elle ne se mesure pas forcément au coût de fonctionnement, mais plutôt aux bénéfices (difficilement mesurables), peu importe la consommation énergétique. C’est typiquement le cas d’Internet, qui est aujourd’hui très peu remis en cause : on le considère comme un acquis, une base indispensable, malgré son impact écologique loin d’être nul. D’ailleurs, les chercheurs de Cambridge à l’origine de l’étude sur la consommation du minage le rappellent :

« Le bitcoin représente beaucoup de choses pour beaucoup de gens : certains le considèrent comme une nouvelle réserve de valeur […] ; d’autres apprécient le système de transfert de valeur sous-jacent qui permet à la fois les fonctions de paiement et de règlement […], résistant à la censure ; d’autres encore sont principalement attirés par la fonction de registre incorruptible rendue possible par son grand livre public inviolable. Par conséquent, des comparaisons directes avec d’autres activités apparemment similaires ne peuvent fournir qu’une image partielle, et donc nécessairement incomplète. »

 Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index (CBECI)

Après tout, on pourrait aussi penser que ni Netflix, ni Bitcoin ne valent le coût de leur fonctionnement. C’est une posture très technocritique, certes, mais qui peut se comprendre au regard de l’état du monde, et notamment à l’effondrement de la biodiversité et du dérèglement climatique lié aux activités humaines.

Cependant, le bitcoin invite également à questionner le fonctionnement monétaire de notre monde. Disponible en quantité limitée, le bitcoin n’a pas vocation à exister dans un monde en croissance infinie. Un design à l’opposé de l’euro ou du dollar : des monnaies précisément conçues pour une croissance infinie de l’économie et de la production. C’est pourquoi, on peut aussi voir Bitcoin comme la monnaie de la décroissance, certes imparfaite, mais qui propose a minima un pas de côté, une bifurcation sur les sujets monétaires qui orientent les choix de nos sociétés.
Alors, plutôt Netflix & chill ou Bitcoin & dream ?

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Martin

Fasciné par l'histoire du Bitcoin et le mouvement cypherpunk, je pense que les citoyens doivent réinvestir le champ de la monnaie. Mon but ? Démocratiser et rendre visible le potentiel de la blockchain et des cryptomonnaies.

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