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Biden s'attaque aux mineurs

ven 10 Mar 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Une mauvaise surprise s’est glissée dans le budget du gouvernement américain. Les démocrates proposent une taxe de 30 % sur l’électricité achetée par les mineurs de bitcoins.

bitcoin

Tax Americana

Le département du Trésor américain a dévoilé son budget pour 2024. En tout, 6 900 milliards de dollars de dépenses. Problème, les recettes ne seront que de 5 000 milliards, malgré les larges hausses d’impôts proposées par les démocrates.

Avant de parler des conséquences de cette taxe sur les bitcoiners, profitons de l’occasion pour rappeler que c’est précisément à cause de la dette abyssale des gouvernements que le Bitcoin a tant de succès.

Le déficit budgétaire de 2024 sera d’environ 2000 milliards de dollars ! Autant d’argent qu’il faudra emprunter/imprimer.

D’après un rapport du Budget and Economic Outlook (CBO), les intérêts de la dette s’élèveront à 640 milliards de dollars en 2023, contre 352 milliards de dollars en 2021 et 475 milliards de dollars en 2022.

En cause, la hausse des taux d’intérêt. Voici l’évolution du taux à 2 ans US :

« Le rendement des obligations à deux ans est officiellement supérieur à 5 %.
Les marchés obligataires semblent presque cassés. »

D’ici une décennie, le CBO prédit que les intérêts seront le premier budget du gouvernement. Plus que celui de la défense (842 milliards $).

C’est ainsi, les États font « rouler » leur dette. Ils empruntent pour rembourser les emprunts précédents, ce qui est un processus mathématique exponentiel.

D’où les « Quantitative Easing ». La Fed détient actuellement 6 000 milliards de dollars de dette US. Soit 20 % de la dette publique pour laquelle le gouvernement US ne paie plus d’intérêts (la Fed reverse les intérêts au budget fédéral).

Tout comme la baisse des taux, le QE sert à ralentir l’effet exponentiel des intérêts pour gagner du temps. Et en l’absence d’un miracle énergétique, cette fuite en avant mènera tout droit à l’hyperinflation. Tôt ou tard, le QE devra redémarrer.

Il vaut donc mieux épargner en bitcoin plutôt qu’en dollar ou tout autre monnaie fiat. Cette échappatoire dérange en haut lieu, d’où cette nouvelle attaque sous la forme d’une taxe sur les mineurs de BTC.

Les mineurs de bitcoins texans dans le collimateur

Si votée, la taxe sera introduite progressivement, à raison de 10 % supplémentaires par an. Coup dur pour les mineurs dont 37 % des effectifs se trouvent aux États-Unis.

Et surtout au Texas où les mineurs sont connus pour créer des synergies avec les énergéticiens locaux. Ces derniers ont gagné une source de revenus constante ayant l’avantage d’être un outil de délestage lors des pics de consommation. Win-Win situation…

Sans surprise, cette taxe provoque une levée de boucliers. Le VP de Riot Pierre Rochard déclare sur twitter :

« Cette proposition pousserait le hashrate du Bitcoin vers des adversaires étrangers disposant de centrales électriques polluantes (CO2). C’est une mauvaise politique. »

Il est vrai que la réduction des marges des mineurs pourrait déclencher un exode. En revanche, il n’est pas certain que l’électricité devienne plus carbonée. On estime plutôt que 91 % du nouveau hashrate s’est installé près de sources d’énergie renouvelables au cours des deux premiers mois de 2023.

Face à la hausse des prix de l’énergie carbonée, les mineurs n’ont d’autre choix que d’embrasser les ENR. Le mineur Marathon a par exemple récemment redéployé 300 MW (environ 3 EH) depuis une source d’énergie charbonnée vers une source éolienne.

De nombreux mineurs iront certainement s’installer en Amérique latine où les surplus électriques (donc peu cher) sont essentiellement d’origine hydraulique.

Si la grogne du fleuron de l’industrie du mining Riot est bien compréhensible, d’autres y verront une décentralisation bienvenue.

Un mal pour un bien ?

Cette fiscalité assassine serait une aubaine pour deux raisons. La première est qu’elle offre un avantage de 30 % aux mineurs « off-grid ».

Il s’agit en quelque sorte d’une subvention indirecte pour les mineurs agiles faisant l’effort de trouver les sources d’électricité autrement gaspillées. Le français Big Block Green Services en fait partie, toujours à l’affût d’excédents hydrauliques aux quatre coins du monde.

L’éclatement des mineurs sur l’ensemble de la planète permet également d’éviter le scénario d’une saisie gouvernementale concertée. Peu probable, mais sait-on jamais ce que le futur nous réserve.

C’est aussi une bonne nouvelle pour l’expansion du mining autour des torchères qui sont responsables de gigantesques émissions de méthane dans l’atmosphère.

D’après Daniel Batten, les installations venant atténuer ces émissions de gaz à effet de serre sont en plein boom :

« Le mining subventionne les énergies renouvelables, stabilise leur intermittence et réduit les émissions de méthane. Et vous n’avez encore rien vu ! Ce qui sera mis en ligne en 2024 éclipsera tout ce qui a déjà été fait jusqu’à présent. »

Deuxième raison de se réjouir d’un éventuel exode des mineurs américains : la possibilité pour les petits pays de mettre la main sur des bitcoins.

Les pays rongés par l’inflation ont forcément de faibles réserves de change et donc de stricts contrôles des capitaux. En clair, il est impossible pour les exchanges locaux d’acheter des BTC à l’étranger.

Nous avons donc besoin que chaque pays ait sa petite industrie de mining de BTC. L’arrivée de mineurs au Paraguay, en Argentine ou encore au Salvador serait une très bonne nouvelle.

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Nicolas T.

Reporting on Bitcoin, "the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy".

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