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Binance France sur la sellette : le pantouflage d'une cadre de l'AMF fait scandale

mer 20 Déc 2023 ▪ 4 min de lecture ▪ par Fenelon L.
Regulation Crypto

L’étau se resserre autour de Binance France après les révélations fracassantes de l’association Anticor, qui a signalé à la justice des soupçons de prise illégale d’intérêts liés au recrutement de Stéphanie Cabossioras, ancienne directrice juridique adjointe de l’AMF.

Binance recrute une cadre de l AMF

Binance France dans l’œil du cyclone après le recrutement éclair d’une ponte de l’AMF

L’association Anticor a saisi le Parquet national financier après le départ en avril 2022 de Stéphanie Cabossioras, directrice juridique adjointe de l’AMF, pour rejoindre Binance. D’abord recrutée comme directrice juridique, elle a ensuite été promue directrice générale de Binance France.

Pour accorder l’agrément de « Prestataire de Services sur Actifs Numériques » (PSAN), l’AMF devait s’assurer du sérieux et de l’honorabilité des dirigeants de Binance. Comment Mme Cabossioras a-t-elle pu participer à cette procédure de contrôle, alors qu’elle était sur le point de rejoindre la société ?

Ce « pantouflage » soulève des questions, car il est intervenu seulement un mois avant que Binance France n’obtienne le précieux sésame de PSAN délivré par l’AMF après examen du dossier. Pour Anticor, ce recrutement « semble relever de la prise illégale d’intérêts »

L’association s’étonne que Binance France ait pu décrocher le statut PSAN malgré les démêlés judiciaires de sa maison-mère aux États-Unis. Celle-ci subit depuis 2018 des poursuites pour blanchiment d’argent et vient même d’écoper récemment d’une amende colossale de 4 milliards de dollars dans cette retentissante affaire. De plus, son fondateur Changpeng Zhao a déjà plaidé coupable de violation des lois anti-blanchiment outre-Atlantique et attend son procès. 

Vers l’ouverture d’une enquête judiciaire ?

Ce signalement révèle surtout, selon Anticor, « l’absence de conscience des risques de conflits d’intérêts entre public et privé en France« . L’avocat Jean-Baptiste Soufron déplore que régulateurs et acteurs « s’estiment parfois au-dessus des lois« .

La députée européenne Place publique Aurore Lalucq abonde, s’étonnant que la France ait pu enregistrer Binance alors que d’autres pays refusaient. Elle soupçonne des accointances troubles et évoque un « possible scandale d’Etat« .

Le secteur crypto échappe encore à une régulation stricte. Mais le projet de loi sur les actifs numériques devrait renforcer les exigences de transparence et les pouvoirs des autorités. L’AMF pourrait aussi voir ses compétences étendues.

Ce dossier tombe au plus mal pour l’exchange qui peine déjà à redorer son blason. Il rappelle la nécessité d’encadrer ce nouvel eldorado numérique pour écarter les zones d’ombre. Binance et les autorités françaises devront clarifier les conditions de ce recrutement pour dissiper les doutes. 

En attendant, le Parquet national financier analyse ce signalement pour déterminer s’il justifie l’ouverture d’une enquête. L’AMF n’a pas souhaité réagir publiquement.

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Fenelon L.

Passionné par le Bitcoin, j'aime explorer les méandres de la blockchain et des cryptos et je partage mes découvertes avec la communauté. Mon rêve est de vivre dans un monde où la vie privée et la liberté financière sont garanties pour tous, et je crois fermement que Bitcoin est l'outil qui peut rendre cela possible.

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