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Bitcoin, guerre et hyperinflation

mar 16 Avr 2024 ▪ 8 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Le Bitcoin est la valeur refuge par excellence face à la redéfinition des équilibres de puissances.

bitcoin

Crises et réaction des marchés

Les évènements en Ukraine ainsi qu’au Moyen-Orient sont très inquiétants. Pourtant, les bourses caracolent de part et d’autre de l’Atlantique. Les tensions géopolitiques ne chahutent pas autant les marchés que par le passé.

Le pétrole s’était par exemple envolé de 300 % suite à l’embargo de l’OPEP de 1973 contre les nations qui supportaient Israël. L’indice boursier américain S&P 500 s’effondra de 50 %.

Deux décennies plus tard (1990), le prix du baril grimpa de 100 % et me S&P 500 chuta de 20 % en réaction à la première guerre du Golfe.

Le prix du pétrole n’augmenta que de 20 % pour la seconde guerre du Golfe (2003), sans réaction franche du S&P 500.

Plus récemment, l’invasion de l’Ukraine s’est effectivement soldée par une explosion de 300 % du prix du gaz, mais l’aberration fut de courte durée. Les États-Unis avaient justement des excédents de gaz de schiste à nous vendre… La baisse de 18 % du S&P 500 fut rapidement effacée.

Les derniers troubles au Moyen-Orient ont également eu un effet limité sur les prix du pétrole. L’indice S&P est en hausse de 20 % depuis le 7 octobre.

Dit autrement, les fluctuations de prix sont devenues moins importantes, comme si rien n’était vraiment grave. Cela étant dit, il ne faudrait pas croire que la volatilité a disparu. Une véritable guerre au Moyen-Orient avec la participation des États-Unis aurait tôt fait de la raviver.

Le calme avant la tempête ?

Nous verrons bien comment Israël réagira aux représailles iraniennes. Téhéran a déjà prévenu que la riposte sera instantanée et massive si Israël répondait. En l’absence de solution diplomatique, les deux pays pourraient officiellement entrer en guerre.

Il n’est pas impossible que les choses se tassent, mais n’oublions pas les déclarations de l’ancien président de la Chambre des représentants Kevin McCarthy dans le sillage de la rébellion palestinienne du 7 octobre :

« Nous devons confronter l’Iran. Le Hamas est une marionnette de l’Iran. […] Nous devons affronter ce nouvel axe de pouvoir. Il s’agit d’un axe du mal composé de l’Iran, de la Russie et de la Chine. »

Il faut en effet rappeler pour plus de contexte que les Perses refusent de vendre leur pétrole en dollars. Et que la seconde guerre d’Irak fut la réaction américaine à la décision des Irakiens de vendre leur pétrole en euros plutôt qu’en dollars.

Ne perdons pas de vue que la géopolitique est l’art de contrôler les ressources énergétiques, ou la monnaie dans lesquelles elles sont vendues (ce qui revient au même).

La politique étrangère des États-Unis est centrée sur la préservation du « privilège exorbitant ». Les guerres en Ukraine ainsi qu’au Moyen-Orient font partie de la stratégie mise en œuvre pour défendre le pétrodollar que les BRICS n’acceptent plus.

Le tout avec la bénédiction d’une Europe qui risque gros en cas d’escalade du conflit et de fermeture du détroit d’Hormuz. La raison étant que plus de la moitié des exportations mondiales de pétrole passent par ce goulot d’étranglement de 60 km.

« Le prix du baril de pétrole pourrait dépasser les 100 dollars si le conflit s’intensifie après l’attaque de l’Iran contre Israël – CNBC

Peu probable, à moins que les principales routes maritimes ne soient coupées ou que l’infrastructure de production/terminale ne devienne une cible directe. »

La BCE en est consciente. Christine Lagarde a bien fait comprendre la semaine dernière que la situation au Moyen-Orient pourrait faire repartir l’inflation à la hausse.

Les Américains n’ont eux pas grand-chose à craindre puisqu’ils produisent leur propre pétrole de Schiste. Quelle chance…

La guerre et la dette

Un blocus du détroit d’Hormuz provoquerait un choc inflationniste majeur. Le pétrole alimente 95 % du transport mondial. Toute hausse du prix du joule se traduit immédiatement par une inflation généralisée, et surtout des prix alimentaires.

L’antagonisme croissant entre les États-Unis et la Chine est une autre source d’angoisse. Notamment en ce qui concerne l’avenir de Taïwan. Son fleuron national (TSMC) est le premier producteur mondial des puces électroniques les plus avancées (3 nm).

Un embargo sur Taïwan provoquerait une inflation monstre des produits électroniques. Si les semi-conducteurs sont vraiment le nouveau pétrole, les marchés financiers feraient bien de suivre de près les événements en mer de Chine méridionale.

Chaîne d’approvisionnement mise à part, la guerre est en elle-même un gouffre financier inflationniste. La dette publique israélienne s’est envolée de 9 % en 2023. Les montants empruntés sont quasiment trois plus élevés qu’en temps normal.

En sachant que le pays bénéficie de dizaines de milliards versés par les États-Unis qui dépensent sans compter pour entretenir le chaos ambiant. Ce graphique montre qu’Israël a déjà reçu gratuitement plus de 300 milliards de dollars depuis sa création. 300 milliards, c’est autant que sa dette publique !

Tout cela pour dire que si le bras de fer entre l’Occident, la Russie, l’Iran et la Chine dégénère, il est certain que la planche à billets tournera de plus belle.

Pour financer quoi exactement ? Des obus, des drones, des tanks, etc. Tout le contraire de ce qu’il faudrait pour augmenter la productivité, clé de voûte de la prospérité.

La guerre est intrinsèquement inflationniste. Bank of America s’attend d’ailleurs à ce que l’inflation remonte à 5 % d’ici l’élection présidentielle de septembre :

Bitcoin, le « Safe Haven »

Le bitcoin s’est apprécié de 125 % depuis le 7 octobre. Il est la monnaie reine en cas de dérive grave des relations internationales.

Il deviendrait le seul réseau de paiement véritablement global si l’Occident devait déconnecter de nouveaux pays du réseau SWIFT.

Sa masse monétaire absolument finie en fait également un prétendant sérieux au titre de monnaie de réserve internationale. Surtout si les États-Unis faisaient l’erreur, après la Russie, de geler les réserves de change d’autres pays.

On imagine mal comment le bitcoin ne pourrait pas tirer son épingle du jeu si les grandes puissances perdent leur sang-froid. L’or est actuellement sous le feu des projecteurs, au plus haut historique, mais il s’agit là du dernier baroud d’honneur.

Le bitcoin deviendra « deux fois plus rare » que l’or après le halving. Alors qu’il se créera chaque année l’équivalent de 1/60 du stock d’or mondial, ce sera seulement 1/120 pour le bitcoin. Et puis 1/240 dans quatre ans, etc…

Sans parler du fait que l’on peut fuir un pays en guerre en mémorisant simplement 12 mots. Il est plus dur de prendre l’avion avec des lingots d’or.

Autant d’avantages qui rendent le bitcoin incontournable, surtout si la guerre devait se propager à de nouvelles régions du monde, dans une folle surenchère.

C’est un scénario que l’on espère pas. Le bitcoin n’a pas besoin de guerre pour rejoindre le million de dollars. L’inflation que promet le pic pétrolier s’en chargera…

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Nicolas T.

Reporting on Bitcoin, "the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy".

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