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BlackRock voit le Bitcoin comme de l'Or

jeu 06 Juil 2023 ▪ 11 min de lecture ▪ par Thomas A.
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Ce n’est pas la première fois que des propos très optimistes émanent des géants de la finance à propos du bitcoin. Mais cette fois-ci, le PDG de la plus grosse compagnie de gestion du monde a ouvertement déclaré préférer le bitcoin « au lieu d’investir dans l’or, […] le bitcoin est un actif international« . Dans la foulée, cette déclaration est à la limite de générer un marché haussier sur le bitcoin. Alors que les indices boursiers consolident, le bitcoin est sur ses plus hauts de l’année. Mais le bitcoin est-il de « l’or numérique » ? Et quelles sont les finalités de ce géant de la finance ?

Gold and BTC

Machination ou conviction ?

En 2017, Larry Fink, PDG de la société BlackRock, déclarait que le bitcoin était un outil de blanchiment. Ce qui rompt fortement avec les récents propos du dirigeant. De plus, BlackRock avait mené des investissements indirects dans la cryptomonnaie. La compagnie avait notamment investi 24 millions de dollars dans FTX. Un brillant échec… Désormais, les propos répétés de BlackRock montrent une position claire face aux cryptomonnaies. Cette position est accueillie plutôt très favorablement par le marché.

« Je pense que le rôle des cryptos est de numériser l’or, à bien des égards. Au lieu d’investir dans l’or comme une couverture contre les problèmes onéreux d’un pays en particulier. Soyons clairs : le bitcoin est un actif international »

Larry Fink (2023), BlackRock reconnaît le pouvoir du bitcoin (cointribune.com)

Cette déclaration intervient également après l’annonce de BlackRock sur sa volonté de créer un ETF bitcoin. Néanmoins, cette proposition nécessite toutefois l’accord des autorités (SEC). Mais il est clair que cette ouverture dans la gestion aurait un impact considérable pour la finance et les cryptomonnaies.

En décembre 2022, le PDG de BlackRock déclarait également : « je pense que la prochaine génération de marchés et la prochaine génération de titres seront la tokenisation des titres ». Ce propos n’est pas neutre. En effet, certaines startup proposent déjà de tokeniser des obligations ou divers titres. L’avenir de la finance réside probablement dans la Blockchain et l’échange de titres sur un réseau d’un autre ordre. Mais le réseau Blockchain n’est pas comparable en finance traditionnelle au bitcoin, dont l’image est complètement différente.

Pourquoi le bitcoin est et n’est pas un or numérique…

C’est une question théorique importante. En effet, le bitcoin (BTC) est souvent représenté par une pièce en Or. Cette pièce en Or marquée du sceau du bitcoin est révélatrice de l’ambiguïté qui règne dans l’esprit du public. Le bitcoin peut-il remplacer l’Or ? Quelles sont les différences et les points communs entre les deux actifs ?

Des points communs entre l’or et le bitcoin

Le point commun entre l’or et le bitcoin réside, à priori du moins, dans leur « quantité limitée ». L’or est disponible en quantité limitée sous terre. De même, la quantité de bitcoins en circulation est limitée et définie d’avance.

Néanmoins, on a jamais miné autant d’or qu’aujourd’hui. Et nous n’avons jamais miné aussi peu de bitcoins qu’aujourd’hui. La quantité d’or disponible sous terre est difficilement estimable et les compagnies minières ont des capacités de production importantes. Elles représentent 80 % de l’offre. La quantité limitée des deux actifs est donc un point commun peu justifiable.

En revanche, le fait que les deux actifs nécessitent un minage régulier est tout à fait commun. Le minage définit le prix minimal auquel une unité peut être vendue, à supposer qua la quantité demandée excède la quantité offerte.

« La vélocité du bitcoin est souvent maximale durant les phases de baisse du bitcoin. Cela traduit l’idée que le marché se rapproche du « juste prix », ou en tout cas du prix le plus bas déterminé par le coût de production des mineurs. Toute vente en dessous du coût de production du BTC entrainerait des difficultés sur le réseau, et donc finalement un retour systématique à ce niveau. L’influence désormais négligeable des mineurs n’est de ce fait pas la cause de l’importance du coût de production ».

Sur la question de l’offre de Bitcoin (BTC) – Cointribune

Par conséquent, il existe bien, dans les deux cas, un lien entre le coût de minage et le cours observé à long terme.

Des divergences entre Or et Bitcoin

Néanmoins, le bitcoin est encore trop corrélé aux indices boursiers pour être « indépendant ». Dans notre dernier article, nous précisions les éléments suivants.

« La corrélation entre le bitcoin est les indices perdure dans le temps car la vitesse de circulation du bitcoin évolue selon les phases du marché. Cela revient à écrire que tant que le bitcoin reste spéculatif (sujet à des échanges fréquents), le rôle des liquidités est central, et la corrélation aux indices reste très élevée. A l’inverse, le cours de l’or montre une corrélation aux indices plus faible, car sa vélocité semble également plus faible.« 

Le bitcoin reste corrélé aux indices – Cointribune

Bien que le cours de l’or soit corrélé aux indices, le niveau de corrélation est plus faible que celui du bitcoin à long terme. Par conséquent, au-delà du fait que le bitcoin est très volatil, il est très sensible aux liquidités. De fait, la volatilité moyenne enregistrée sur le bitcoin est de 53 % depuis 2019. Elle s’établit à 15 % pour l’or sur la même période. C’est-à-dire que le bitcoin est 3,5 fois plus volatil que l’or !

Volatilité de l’or mesurée à partir des 30 derniers jours. Graphique et données par Thomas ANDRIEU.

Il s’en suit qu’il n’est pas raisonnable de considérer le bitcoin comme une valeur stable. C’est une valeur de conviction. L’instabilité du bitcoin, et sa forte corrélation aux indices, implique que ce dernier est divergent du cas de l’or. Enfin, l’or existe depuis des millénaires.

L’or n’est plus une valeur d’échange

Si l’or était la base du système monétaire international, il ne l’est plus depuis 1971. Les prix ne sont donc plus exprimés ou gagés sur l’or. Par ailleurs, l’or n’est plus un moyen d’échange, ni entre les particuliers, ni entre les nations qui équilibraient leur commerce. Il est désormais perçu comme une réserve de valeur et non plus comme un moyen d’échange. A l’opposé, le bitcoin est utilisé comme un moyen d’échange.

Cette différence de propriété des deux actifs se retrouve, comme nous l’avons montré, dans les statistiques. En cela, l’or est un métal précieux, qui est même utilisé (partiellement) à des fins productives. Il est donc complètement dénué de finalité d’échange au XXIe siècle.

La vitesse de circulation du bitcoin diminue

L’évolution de la vitesse de circulation du bitcoin exprime directement l’idée de savoir si le bitcoin est plutôt une réserve de valeur ou un moyen d’échange. Dans un précédent article, nous avons estimé qu’en 2022, un bitcoin était échangé en moyenne 0,66 fois. Ce chiffre est inférieur à la période 2010-2018, où la vélocité du bitcoin moyenne était de 1,4.

« Nous préciserons donc qu’environ 330 000 bitcoins ont été minés en 2022. Dans le même temps, on a constaté un volume annuel global de 357,5 milliards de dollars échangés en bitcoins. Avec un prix moyen en 2022 de 28 200$, on en déduit que le nombre approximatif de bitcoins échangés est de 12,6 millions. En définitive, on en déduit que la vélocité du bitcoin est donc proche de 0,66 en 2022 ! C’est-à-dire que la vélocité du bitcoin est inférieure à celle des monnaies traditionnelles ». 

Sur la question de l’offre de Bitcoin (BTC) – Cointribune

Si on assiste bien à un accroissement de la valeur de réserve du bitcoin, c’est-à-dire à une diminution de sa volatilité, la valeur d’échange reste malgré tout importante.

Le risque d’un bitcoin spéculatif, et non opératif…

Comment le bitcoin (BTC) pourrait-il être utile aux échanges s’il est acheté via un ETF ?

C’est la question et le paradoxe derrière la volonté de créer un ETF bitcoin. En effet, bitcoin se veut en dehors du système financier (en tous cas dans le principe). Il est donc a priori absurde d’acheter un bitcoin via un ETF. Par ailleurs, si le bitcoin est acheté par le véhicule de produits financiers, alors il n’a plus d’utilité effective. C’est le risque d’avoir un bitcoin dépourvu de sens originel.

Par conséquent, la volonté de BlackRock de démocratiser le bitcoin n’est pas cohérente avec la finalité du bitcoin. De plus, les déclarations récentes, visant à « remplacer » l’or par le bitcoin ne sont pas non plus réalistes. Le bitcoin est indéniablement distinct de l’or, et ni l’histoire, ni les statistiques, ne les rassemblent.

En revanche, la déclaration selon laquelle le « le bitcoin est un actif international » est justifiée. Près de 500 millions de personnes utilisaient les cryptomonnaies en 2022. De fait, les cryptomonnaies sont diffusées dans la plupart des pays du globe. Il s’agit d’ailleurs d’une des explications au succès du bitcoin… C’est un actif international, un moyen d’échange sans étiquette politique ou nationale ! Le patron de BlackRock semble néanmoins plus préoccupé par la démocratisation du bitcoin que par son adoption. La nuance se trouve dans l’utilisation qui est faite du bitcoin. Un bitcoin non opératif serait la mort du bitcoin.

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Thomas A.

Auteur de plusieurs livres, rédacteur économique et financier sur plusieurs sites, je noue depuis de nombreuses années une véritable passion pour l'analyse et l'étude des marchés et de l'économie.

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.