Cartes cryptos et impôts : Ce qu'il faut savoir !

Désormais toutes les plateformes de trading proposent une gamme de cartes cryptos : des cartes bancaires Visa ou Mastercard. Utilisables comme n’importe quelle carte bancaire, elles sont liées à vos comptes crypto ou euro. Savez-vous qu’elles peuvent être génératrices d’impôts ?

Les cartes cryptos utilisables comme des cartes bancaires

Toutes les plateformes de trading, telles que Binance, Coinbase ou Crypto.com, proposent des cartes associées à votre compte. La plupart sont des cartes Visa, elles sont souvent sans frais et proposent parfois du cashback. On peut les utiliser comme des cartes bancaires « normales » et elles semblent si pratiques. Pourtant elles ont un inconvénient majeur en France : elles peuvent être génératrices d’impôts, après des calculs vraiment très compliqués pour l’utilisateur.

Fonds en euros ou fonds en cryptos ?

Dans le premier cas, si vous utilisez vos euros, ceux que vous avez envoyés sur l’exchange et ceux que vous allez dépenser, il n’y aura pas de fait générateur d’impôts. Le cashback en crypto non plus (pour le moment). Beaucoup d’utilisateurs utilisent leur carte ainsi et gagnent un peu de cryptos chaque fois qu’ils font un paiement (souvent en fonction du nombre de tokens natifs de la plateforme qu’ils détiennent).

En revanche, si vous utilisez vos fonds en cryptos, ce n’est plus la même histoire : il y a conversion crypto/fiat. Et la conversion génère un impôt, dès lors qu’il y a eu une plus value. C’est ce qu’on appelle la flat tax. Cette flat tax est assez compliquée à calculer dans ce cas : si dans l’absolu la flat tax est basée sur la plus-value (30 %), ici elle sera calculée de la façon suivante :

Pour chaque transaction il faut noter la valeur totale de vos cryptos, le prix d’acquisition concerné par la conversion et le prix de cession des actifs au moment de la transaction. Tous ces éléments permettent de remplir le formulaire 2042-C.

Si vous avez fait une petite (ou grosse) plus-value sur vos bitcoins (BTC) et que vous souhaitez l’utiliser pour faire vos courses, il est souhaitable que vous soyez très bon en mathématiques.

Mon amendement visant à alléger les contraintes fiscales sur les paiements par carte bleue en crypto actifs en dessous de 3000€ a été REJETÉ.

L'administration préfère contraindre à déclarer un CERFA pour chaque achat d'une baguette de pain en crypto. https://t.co/RyXXlMkz30

— Pierre PERSON (@Pierr_Person) October 15, 2021

Le casse-tête du calcul de plus-value

Pour le moment il existe un seuil d’exonération : 305 euros. 305 euros sans avoir mal à la tête. Au-delà de ce seuil, ça se corse sérieusement. Avec une imposition de 30 % sur chaque conversion crypto/fiat, la France a l’imposition la plus lourde au monde. L’Allemagne par exemple exonère ses contribuables sur les plus-values si les contribuables détiennent leurs cryptos depuis un an minimum.

En somme, si vous voulez utiliser votre carte crypto pour faire des achats du quotidien avec vos fonds en bitcoin (BTC), il vous faudra utiliser un logiciel très bien configuré ou alors faire appel à une société spécialisée tant les calculs sont compliqués. La cryptosphère française regarde avec envie des pays dynamiques comme la Suisse : certains cantons acceptent le paiement des impôts en bitcoins et Bitcoin Suisse facilite le paiement des achats du quotidien. L’ironie de l’histoire étant que Wordline, qui s’est associé à Bitcoin Suisse, est une entreprise française …

Carte Nexo : une alternative à utiliser avec modération

Nexo propose une alternative qui n’a pas encore été envisagée par l’administration fiscale française. Nexo propose une Mastercard pour dépenser des euros en mettant vos cryptos en collatéral (en gage si vous préférez). Vous pourrez utiliser jusqu’à 80% de la valeur de vos cryptos gagées avec un taux d’emprunt allant de 0 à 13,9% TAEG. Comme il n’y a pas de conversion Crypto/Fiat, il n’y a pas d’imposition.

Mais il y a un mais forcément. Nexo propose des rendements importants, du cashback et des prêts qui semblent intéressants, mais ce n’est pas un organisme de charité. En cas de chute de valeur de votre collatéral, votre prêt sera liquidé (vos cryptos revendues). En bearmarket, non seulement vous aurez perdu vos cryptos, mais en plus vous aurez peut-être une plus-value imposable. Certains disent même que Nexo traderait contre ses clients pour liquider leurs prêts … Le prêt crypto peut s’avérer être un jeu dangereux, les clients de Celsius vous le confirmeront. N’oubliez jamais que sur un exchange centralisé, vous confiez vos clés privées ! En cas de faillite ou de scam exit, vous aurez peu de chance de récupérer vos fonds.

Si nombre de sites internet décrivent tous les avantages des cartes crypto et leur facilité d’utilisation, peu expliquent que le paiement avec des fonds crypto est générateur d’impôts. Le contribuable français est ainsi potentiellement redevable d’un impôt sans le savoir. À cause de calculs très compliqués de plus-values, il sera tenté de ne rien déclarer (à ses risques et périls) ou d’abandonner ce système de paiement. Il est dommage de ne pas avoir une législation fiscale plus souple : la réinjection des cryptos dans « l’économie réelle » ne pouvant être que bénéfique. Deux ans de crise sanitaire et une inflation qui commence à faire peur n’auront pas fait céder le gouvernement pour alléger la fiscalité dans ce domaine. Certains députés pourtant, dont Pierre Person, avaient déposé un amendement pour obtenir un abattement de 3000 € sur les achats réalisés en cryptos, il a été rejeté (dans un hémicycle à moitié vide …)