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Les banques centrales amassent de l'or

mar 11 Juil 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Les banques centrales continuent d’accumuler de l’or. La géopolitique et l’inflation redéfinissent les règles du jeu.

Or

Ruée vers l’or

L’enquête annuelle d’Invesco auprès les banques centrales et les fonds souverains montre qu’un nombre croissant de pays rapatrient leurs réserves d’or pour ne pas subir le sort de la Russie.

Pour Invesco, les gestionnaires de fonds souverains repensent « fondamentalement » leurs stratégies. Nombre d’entre eux sont convaincus que la hausse de l’inflation et les tensions géopolitiques sont là pour durer.

Plus de 85 % des 85 fonds souverains et 57 banques centrales estiment que l’inflation sera plus élevée au cours de la prochaine décennie qu’au cours de la précédente.

À ce titre, notons qu’Olivier Blanchard, ex-économiste en chef du FMI, plaide pour que les banques centrales relèvent leur objectif d’inflation de 2 à 3 % :

La saisie de l’équivalent de 300 milliards de dollars de réserves appartenant à la Russie est en grande partie à l’origine de ce regain d’appétit pour l’or.

L’enquête montre qu’une « part substantielle » des banques centrales est préoccupée par ce précédent. Près de 60 % des répondants estiment que le gel des réserves russes rend l’or plus attrayant.

Une banque centrale (Bundesbank ?) a déclaré sous couvert d’anonymat : « Nous avions de l’or à Londres… mais maintenant, nous l’avons transféré dans notre propre pays pour le garder en sécurité ».

Cette année, 68 % des banques centrales conservaient leurs réserves d’or dans leur pays, contre 50 % trois ans plus tôt.

Soit dit en passant, Invesco fait partie des fonds souhaitant lancer un ETF Bitcoin toujours bloqué par la SEC. Le fonds est bien placé pour savoir que le potentiel haussier est immense si le monde devait vraiment changer de monnaie de réserve internationale…

Géopolitique

Les tensions géopolitiques combinées aux opportunités offertes par la Chine encouragent également certaines banques centrales à se détourner du dollar.

Par ailleurs, plus de 7 % d’entre elles estiment que l’augmentation de la dette américaine est aussi un facteur négatif pour le billet vert.

Il suffit en effet de regarder du côté de l’allure de la courbe des paiements des intérêts sur la dette US pour s’interroger. Nous approchons les 1000 milliards de dollars par an :

Le gouvernement US n’ayant pas l’intention de se serrer la ceinture, l’endettement va s’aggraver. De mauvais augure pour l’inflation.

Cela dit, la plupart des banques centrales ne voient toujours pas d’alternative au dollar en tant que monnaie de réserve. Ceux qui considèrent le yuan chinois comme un concurrent ne sont plus que 18 %, contre 29 % l’année dernière !

Dit autrement, la Chine ne compte pas laisser les banques centrales étrangères investir dans sa dette. Il en résulterait une appréciation du yuan délétère pour l’industrie, les exportations et l’emploi.

Dans l’ensemble, près de 80 % des 142 institutions interrogées considèrent les tensions géopolitiques comme le principal risque pour la prochaine décennie. Plus de 80 % s’inquiètent de l’inflation pour l’année à venir.

Ces préoccupations sont liées à la guerre proxi que mènent les États-Unis contre le fer de lance de la dedollarisation : Moscou.

Bis repetita. Pour le dollar, pour l’empire !..

L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a déclaré ce week-end sur France Inter :

« La Russie a bien avec elle une grande partie des peuples du monde […]. Quelle est la leçon de l’Irak ? […] Nous n’avons pas voulu pousser jusqu’au bout les inspections de l’ONU avec Saddam Hussein (un personnage odieux), nous avons récolté le chaos et le terrorisme. Nous n’avons pas voulu, à un moment donné, pousser les feux avec la Libye de Kadhafi, nous avons récolté le chaos et la situation au Sahel. Donc, il faut retenir les leçons de l’Histoire. »

L’initiative des BRICS en faveur d’une nouvelle monnaie adossée à l’or pourrait mettre en péril le dollar, l’euro, etc. Il en résulterait une inflation massive et une explosion de la dette.

N’oublions pas qu’après la fin de l’étalon-or décrétée par Nixon en 1971, H. Kissinger mit en place le système du pétrodollar. Le dollar n’était alors plus garanti par l’or, mais par le pétrole. Par la suite, tous ceux qui ont voulu se passer du dollar ont très mal fini.

Saddam Hussein fut renversé deux ans seulement après avoir cessé de libeller son pétrole en dollar. Mouammar Kadhafi, qui nourrissait lui l’ambition de créer une monnaie panafricaine basée sur l’or, fut assassiné pendant son mandat à la tête de l’Union africaine…

Aujourd’hui, d’autres ont repris le flambeau. Ce lundi, à l’issue du sixième cycle de dialogues stratégiques entre la Russie et le Conseil de coopération du Golfe, le ministre russe des Affaires étrangères a martelé :

« Le dollar a prouvé son manque de fiabilité et s’est sérieusement discrédité en tant que principale monnaie de réserve… »

Un retour de l’étalon or est dans les tuyaux. Le fait que l’Arabie saoudite ait déjà promis d’accepter le yuan (convertible en or) pour son pétrole est un signe fort.

D’où les gesticulations de l’empire qui fera tout pour échanger du papier contre de l’énergie quelques décennies de plus.

Protégez-vous contre les affres de l’Histoire. Bitcoin, pas l’or…

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Nicolas T.

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