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Les banques centrales se jettent sur l'or

mar 07 Nov 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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La fièvre de l’or s’empare des banques centrales. Comme toujours lorsque les tensions géopolitiques sont au paroxysme.

or bitcoin

De l’or

Les banques centrales continuent d’accumuler de l’or. Les chiffres du World Gold Council (WGC) du mois de septembre sont très parlants.

Les réserves d’or des banques centrales ont augmenté de 77 tonnes en septembre. Les ventes brutes (une seule tonne) ont été éclipsées par les achats (78 tonnes).

La Chine a gobé 26 tonnes d’or, ce qui nous fait près de 180 tonnes en 2023. En sachant que l’Empire du Milieu est par ailleurs le plus gros producteur mondial d’or. La Pologne est seconde sur le podium avec un peu plus de 100 tonnes accumulées cette année.

C’est en tout 337 tonnes que les banques centrales ont achetées au troisième trimestre. Il s’agit du troisième total trimestriel le plus élevé de l’Histoire après notamment les 459 tonnes du troisième trimestre 2022 :

Achats d'or banques centrales T3 2023
Achat d’or au troisième trimestre 2023 par les banques centrales

Plus aucune banque centrale ne vend d’or depuis le mois de juin. Dans l’ensemble, les achats sont largement supérieurs aux ventes depuis le début de l’opération spéciale russe en Ukraine.

Le WGC souligne dans son rapport publié le 31 octobre que les achats nets d’or par les banques centrales sont déjà 14 % supérieures à ceux de 2022 sur les trois premiers trimestres.

Les banques centrales ont mis la main sur 800 tonnes d’or depuis le début de l’année. C’est le chiffre le plus élevé jamais enregistré sur trois trimestres.

« L’éventail des pays dont les banques centrales ont augmenté leurs réserves au cours des derniers trimestres est large », peut-on lire dans le rapport.

Fronde contre le dollar

Ces achats d’or ne sont pas le fruit du hasard, mais la conséquence direct des vives tensions géopolitiques et inflationnistes.

L’Empire US n’arrive pas à digérer que la Chine ait cessé d’accumuler ses bons du Trésor (dette publique américaine), et cela depuis 2011. C’est-à-dire juste après que la Fed ait annoncé son second Quantitative Easing (QE)…

Accumuler de l’or permet à la Chine de placer ses excédents commerciaux dans une valeur refuge. Sage décision quand on voit la baisse marquée de la valeur des bons du Trésor US depuis que la Fed remonte ses taux pour endiguer l’inflation :

« Les bons du Trésor américain ont perdu 17 % l’année dernière, le pire rendement en plus de 200 ans. Nous pourrions connaitre une troisième année consécutive de pertes. Une première dans l’histoire de notre pays. »

Le marché de la dette publique américaine a perdu près d’un quart (25 %) de sa valeur depuis que la Fed s’est mise à rehausser son taux directeur qui est désormais au plus haut depuis 16 ans.

Il s’agit tout de même de la plus forte baisse de l’histoire du marché obligataire américain. Il faut remonter au XIXe siècle pour trouver une baisse comparable.

C’est ainsi, le reste du monde ne veut plus financer le train de vie des Américains. D’où l’ambition annoncée des BRICS de commercer davantage dans leurs propres monnaies plutôt qu’en dollar.

Si suffisamment de pays rejoignent la fronde, le dollar finira par se déprécier, empêchant en retour les États-Unis de parasiter le monde entier via son déficit commercial abyssal.

L’or fait le lit du Bitcoin

Avec la Russie qui assurera la présidence des BRICS l’année prochaine, le sujet de la dédollarisation des échanges internationaux va revenir sur le devant de la scène.

En effet, rappelons que la banque centrale russe détenait il y a deux ans encore l’équivalent de 300 milliards de dollars/euros en réserve (en bonne partie sous forme de bons du Trésor). Autant d’argent désormais « gelé » par l’UE et les États-Unis.

Après avoir sacrifié des dizaines de milliers de soldats en Ukraine, Vladimir Pautine ne fera pas subitement volte-face. Il est certain qu’il incitera tous les pays membres des BRICS à redoubler leurs efforts de dédollarisation.

D’autant plus que le tsar russe vient d’annoncer être candidat à sa réélection. Et cela quelques jours après avoir menacé de couler les porte-avions américains en méditerranée en cas d’interférence dans le conflit israélo-palestinien…

Pour rappel, cinq pays très influents rejoindront le club des BRICS en début d’année prochaine. L’Égypte, l’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Éthiopie et les Émirats arabes unis. Autant de pays musulmans en train de bouillir face aux massacres des palestiniens perpétrés avec la bénédiction de Washington.

La conjoncture internationale est explosive. En cas d’aggravation nette des relations entre l’occident et les BRICS, c’est en or que finiront par se faire ce qu’il restera d’échanges commerciaux. En sachant que la mer rouge, par où transite 12 % du commerce mondial, est encadrée par l’Égypte, l’Arabie Saoudite et l’Éthiopie…

Et qui dit moins d’échanges commerciaux, dit inflation. C’est la raison principale pour laquelle chacun devrait imiter les banques centrales en se réfugiant dans des valeurs refuges.

Le bitcoin plutôt que l’or. Pourquoi ? Parce que la quantité d’or qui sortira de terre cette année battra de nouveau un record. A contrario, en mai 2024, la création de bitcoins diminuera de moitié. Il deviendra officiellement plus rare que l’or.

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Nicolas T.

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